HISTOIRE D'ARMÉNIE.
sa femme bien-aimée Nouait, et qui était âgé d'en–
viron douze ans à la mort d'Ara. Sémiramis,
pleine de confiance en ce prince, L'investit du gou–
vernement de notre pays. Ara meurt, à ce que
l'on dit, dans la guerre contre Sémiramis.
Voici l'ordre des événements postérieurs : Ara
fils d'Ara meurt dans la guerre contre Sémira–
mis, laissant un fils, appelé Anouschavan, très-
puissant et très-capable dans l'action et dans le
conseil. 11 était surnommé Sos (peuplier argen–
tifère) , car il était voué aux fonctions sacerdo–
tales , dans les forêts de peupliers d'Aramaniag,
à Armavir. Le tremblement des feuilles de peu–
plier, au souffle léger ou violent de l'air, était
l'objet d'une science magique en Arménie et le
fut longtemps.
Cet Anouschavan, ayant à souffrir pendant de
longues années le mépris de Zamassis, languissait
à la cour. Aidé par ses partisans, i l réussit à ob–
tenir le gouvernement d'une partie du pays»
moyennant tribut, ensuite du pays tout entier.
Mais il serait trop long de rapporter dans cette
histoire tout ce qui est digne d'être rappelé, les
paroles, les faits et les entreprises.
CHAPITRE XX I .
fia rouir fils de Sgaïorti est le premier roi cou–
ronné en Arménie. — Il aide Varbace le Mède
à s'emparer du royaume de Sardanapale,
Laissant de côté les faits les moins considé–
rables, nous dirons ce qui est le plus important.
Le dernier de ceux qui vécurent sous l'empire '
des Assyriens, depuis Sémiramis ou depuis Ninus,
est, je le dis, notre Barouïr, contemporain de
Sardanapale. Aidé puissamment par Varbace
le Mède, il ravit le royaume de Sardanapale.
A présent j'éprouve du bonheur et de la joie
en arrivant au véritable ancêtre de notre nation,
dont les descendants furent élevés au rang de
roi ; aussi nous avous une grande tâche à accom–
plir, bien des sujets à traiter. Nous avons cru de
notre devoir de lire les preuves de ces faits dans
quatre livres composés par cet homme sage et
éloquent, le plus sage d'entre les sages.
Varbace, d'un canton de la Médie, à la pointe
extrême de la province la plus fortifiée, homme
d'une grande astuce, célèbre dans les combats,
voyant la vie efféminée et la mollesse volup–
tueuse du faible et vil Concholéros, gagne par
sa conduite, par ses largesses, beaucoup de par–
tisans, parmi les personnages braves et puissants
qui alors soutenaient aveo dignité et une grande
fermeté l'empire d'Assyrie. I l se concilie l'amitié
de notre brave satrape Barouïr, lui promettant
la couronne et tout l'éclat de la royauté ; il s'at–
tache aussi un grand nombre de vaillants guer–
riers habiles àmanier le javelot, l'arc et le glaive.
Varbace, s'emparant de cette manière des États
de Sardanapale, commande à l'Assyrie et à Ni-
nive ; mais il y établit des gouverneurs et trans–
porte aux Mèdes l'empire des Assyriens.
Si ces faits, chez les autres historiens, sont
rapportés différemment, ne t'en étonne pas;
car, comme plus haut, dans les premiers chapi–
tres, nous avons blâmé les usages de nos pre–
miers ancêtres qui ne prenaient aucun souci de
la science, il arrive encore ici la même chose.
Les faits et gestes du père de Nabuchodonosor ont
été consignés dans les annales et les registres
de ses inspecteurs des mémoriaux ; or, nos princes
n'ayant pas songé à faire de même, il n'y a eu
de transcrit que les faits accomplis dans les der–
niers temps. Si on demande : « Où donc avons-
nous trouvé les noms, les faits et gestes de beau–
coup de nos ancêtres? » je répondrai : « Dans les
anciennes archives des Chaldéens, des Assyriens,
des Perses, à cause de la mention faite dans les
écrits royaux des noms et des actes de nos aïeux
comme chefs de l'administration, chargés par les
rois du gouvernement général. »
CHAPITRE XX I I .
Succession de nos rois. — Leur nombre de père
en fils.
Je vais compter nos grands hommes, surtout
les rois, jusqu'à l'empire des Parthes,parce qu'ils
me sont chers, ces descendants de notremonarque
couronné, comme mes compatriotes, mes proches
et mes frères. Comme il m'eût été doux, si le Sau–
veur (Perguitch) fût alors venu me racheter, d'en–
trer dans le monde sous de tels monarques, de
jouir du bonheur de les voir et d'échapper aux
dangers du temps présent! Eh bien, ce sort heu–
reux, cette fortune a fui loin de nous. Mais ces rois
nationaux vivaient sous le gouvernement des
Mèdes, et nous allons en rappeler ci-dessous les
noms.
En ce temps-là, le pouvoir royal de notre na–
tion existait véritablement, comme l'atteste le
prophète Jérémie, appelant aux armes contre
Babylone : « Convoquez, dit-il, le royaume d'A-
rarat et la troupe d'Ascanaz. » 11 est donc évi–
dent que notre empire existait alors. Mais, en
Fonds A.R.A.M