une partie de ce séjour du côte du nord, et
nomme, conformément à son nom, le pied de la
montagne du même côté : Arakadz, et ses do–
maines : le pied d'Arakadz. »
Le même historien raconte ce fait merveilleux,
que sur beaucoup de points se trouvaient établis
des hommes, dispersés çà et là dans notre pays,
avant l'arrivée de notre ancêtre Haïg.
Cet Arménag engendra Armais, et, ayant encore
vécu un grand nombre d'années, il mourut. Son
fils Armais construisit son habitation sur une col–
line au bord du fleuve et, de son nom, la nomma
Armavir; et du nom de son petit-fils Arasd,
il appela le fleuve, Eraskh. Son fils Schara mul–
tipliait et mangeait beaucoup; il l'envoya avec
toute sa suite dans une plaine voisine, très-fertile,
arrosée par beaucoup de cours d'eau, derrière
le nord de la montagne, et appelé Arakadz. On
dit que du. nom de Schara, le canton est appelé
Schirag. Ainsi s'explique le proverbe en usage
chez les villageois, disant ;
«
Si tu as le gosier de Schara,
"
Nous n'avons pas les greniers de Schirag. »
Cet Armais engendra son fils Amasia, et mourut
après avoir encore vécu de longues années.
Amasia, établi à Armavir, engendre Kégham ;
après Kégham., le valeureux Parokh et Tzolag ;
puis passant le fleuve, il s'en va à la montagne
du midi,.an pied de laquelle il établit à grands
frais, dans la vallée, deux habitations; l'une à
l'orient près des sources qui jaillissent à la base
de la montagne, l'autre à l'ouest de celle-ci, dis–
tante d'une bonne demi*journée de marche à
pied. 11 donna en apanage ces deux habitations
à ses fils, le valeureux Parokh et Tzolag à l'œil
•
flamboyant; ceux-ci, en s'y fixant, appelèrent ces
lieux de leur propre nom, Parakhod, du nom de
Parokh, et Tzolaguerd, de celui de Tzolag.
Amasia nomma la montagne de son propre nom,
Massis ; puis étant retourné à Armavir, il vécut
seulement quelques années et mourut.
Kégham engendra Harma à Armavir, et l'y
laissant avec les siens, i l s'en alla vers l'autre
montagne au nord-est, sur les bords d'un lac, y
bâtit sur les rives et y laissa des habitants.
11
ap–
pela la montagne de son nom Kégh, et les villages
Kéghakouni, ainsi que la mer qui porte aussi
cette appellation. Dans cet endroit, il engendra
son fils Sissag, personnage renommé par sa noble
fierté, sa force, sa beauté, son éloquence et son
adresse à tirer l'arc.
11
lui remit une grande partie
de ses biens, beaucoup d'esclaves, et lui donna
en apanage tout le pays depuis la mer à l'orient
HI3TOK. ARMÉNIENS.
—
T . I I .
jusqu'à une grande plaine où le fleuve Eraskh,
après s'être frayé un lit dans les cavernes des
montagnes, avoir traversé des vallées boisées et
franchi des gorges étroites, descend dans la plaine
avec un bruit effrayant. L à , Sissag, ayant fait
halte, couvre de constructions le sol de son do–
maine, et appelle le pays de son nom, Siounie.,
mais les Perses le dénommèrent plus exactement
Sissagan. Valarsace, premier roi parthe d'Ar–
méni e , ayant rencontré là des hommes célèbres,
de la descendance de Sissag, les institue sei –
gneurs du pays ; c'est la race de Sissagan. Ce que
fit Valarsace, d'après le sens précis de l'histoire,
et comment il s'y prit, nous le raconterons en son
temps.
Kégham retourne à la plaine au pied de la
montagne, et dans un vallon escarpé, il bâtit
lui-même un village, qu'il appelle de son nom
Kéghami, et qui, dans la suite, fut nommé Karni,
par son petit-fils Karnig. De sa descendance
était issu, à l'époque d'Ardachès, petit-fils de
Valarsace, un jeune ' homme appelé Varj, adroit
à la chasse des cerfs, des chèvres sauvages et des
sangliers, habile à lancer le javelot; Ardachès
l'institue gardien des chasses royales, et lui donne
des villages sur les bords du fleuve appelé
Hraztan. On dit que c'est de lui qu'est issue la
maison - des Varajnouni. Kégham, comme nous
Pavons rapporté, engendra Harma et d'autres
enfants; puis il mourut, en enjoignant à son fils
Harma de résider à Armavir.
Tel est cet Haïg, fils de Thorgom , fils de Th i -
ras, fils de Gomer, fils de Japhet, ancêtre des
Haïasdani (Arméniens); tels sont ses races, ses
descendances, et l'endroit de son séjour. Dès
lors, dit [Mar Apas Catina], sa postérité com–
mença à se multiplier et à remplir le pays.
Harma engendra Aram sur le compte duquel
on raconte une foule d'actions d'éclat, d'actes de
valeur dans les combats, et qui étendit de tous
les côtés le territoire des Arméniens. C'est de son
nom que tous les peuples appellent notre pays :
les Grecs,
Armen,
les Perses et les Syriens,
Ar–
ménie
Mais pour ce qui est de rapporter son his–
toire tout entière, ses actes de courage, de dire
le quand et le comment, nous le ferons, si tu
veux, dans un autre ouvrage ; ou bien nous lais–
serons de côté ces particularités, ou bien encore
nous les noterons ici.
Fonds A.R.A.M