PRÉFACE.
L a littérature arménienne, l'une des plus fécondes et des plus intéressantes
de l'Orient chrétien, n'a commencé à être sérieusement appréciée en Europe
que depuis un demi-siècle. Jusqu'alors, les tentatives de J . Villotte et de L a
Croz e , au dix-septième siècle, de l'abbé de Villefroy, de Schroeder et des
frères Whi s ton, dans le siècle suivant, étaient restées sans résultats. L a con–
grégation de Saint-Lazare, fondée à Veni se , en 1715, par Mekhitar de Sé-
baste, dans un but à la fois religieux, politique et littéraire, réussit à donner
aux études arméniennes une grande impulsipn, dont le contre-coup se fit
sentir en Europe , surtout au commencement de notre siècle. Jean Saint-
Martin , une des gloires de l'érudition moderne, et le chef de l'école des a r -
ménistes français, en publiant ses « Mémoires sur l'Arménie », inaugura le
point de départ des études arméniennes. Quelques années plus t a r d , les sa–
vants allemands et russes continuèrent la tradition du maître, et, à l'heure
où nous écrivons, l'école des arménistes s'est conquis un rang distingué dans
l'orientalisme.
L a quantité considérable de textes édités dans les contrées de l'Orient où
les Arméniens ont fondé des colonies, et notamment dans l'île de Saint-Lazare
de Venise, le nombre imposant de manuscrits précieux que possèdent ac–
tuellement les bibliothèques de Par i s , de Saint-Pétersbourg et de Venise, ont
contribué puissamment à développer en Europe le goût des études armé–
niennes. Ce contingent de matériaux, qui faisait défaut aux premiers armé–
nistes , a mi s , depuis quelques années, le monde savant en possession d'ou–
vrages d'un intérêt capital, dus à la plume des érudits modernes et des
savants de l'Arménie.
Les écrivains arméniens ont abordé presque tous les genres de littérature,
et bien que leurs compositions, soit en prose, soit en vers, se ressentent
profondément de l'influence religieuse exercée sur le peuple par le clergé na –
tional , néanmoins leur littérature profane est beaucoup plus riche que celle
des autres nationalités chrétiennes de l'Asie. Les études historiques ont été,
presque à toutes les époques de l'existence du peuple arménien, une des
préoccupations favorites de leurs écrivains. Aussi les renseignements que les
Fonds A.R.A.M