INTRODUCTION.
il
exactement au mot
der
des Arméniens,
do mi nus
des Latins,
dom
et
don
des Occidentaux, indique
que Mar Apas Catina était revêtu d'un caractère
religieux ou scientifique. On a cru longtemps
que ce titre de
Mar
impliquait une idée chré–
tienne, et M. Quatremère* partageait cet avis;
mais Moïse de Khorène nous aide à rectifier l'o–
pinion de ce savant critique, en attestant
(
i )
que
ce titre était porté par un officier païen de l a
cour d'Abgar, Mar Ihap , envoyé par son souve–
rain auprès du gouverneur de la Syrie Julius Mari-
nus, et qui eut l'occasion pendant ce voyage d'en–
tendre parler de Jésus-Christ pour la première fois.
L e titre de
Mar
employé dans l'idiome syriaque
n'était pas purement religieux à l'époque qui
.
précéda immédiatement la prédication de l 'É–
vangile dans l'Aramée; ce ne fut qu'après l'in–
troduction de la foi chrétienne chez les Syriens
qu'il fut appliqué aux prêtres, et servit à dési–
gner en général les membres du clergé.
E n faisant entrer la compilation de Mar Apas
Catina, écrivain syrien appartenant à cette épo–
que intermédiaire entre la culture chaldéenne
et le développement syriaque, qui en fut la con–
tinuation, dans un recueil destiné à réunir les
fragments d'auteurs grecs perdus dans cet idiome
et conservés en arménien, nous avons voulu
montrer les liens qui unissent la vieille littéra–
ture, dont Babylone fut jadis le centre, à celles
desSyriens, desGrecs et desArméniens. Voici donc
un écrit historique d'un intérêt immense qui,
après avoir été conçu primitivement en cha l –
déen, fut traduit en grec, ensuite en syriaque,
puis traduit encore du syriaque en arménien,
dans l'espace de plusieurs centaines d'années.
C'est une étude curieuse en effet de suivre, pour
ainsi dire siècle par siècle, l'histoire d'un livre ap–
partenant à l'nne des plus vieilles littératures de
l'Orient, et de voir par combien de filières suc–
cessives a dû passer l'ouvrage écrit originaire–
ment par l'anonyme chaldéen, avant d'arriver
jusqu'à nous, dans la compilation de Mar Apas
Catina, abrégée par Moïse de Khorène. Certes,
(1)
Hist. d'Arm.,
liv. i l , ch.
30.
si ce texte, d'une importance capitale, à en j u –
ger par les lambeaux qui nous sont parvenus,
nous avait été conservé dans toute son intégrité,
c'eût été, sans contredit, un des monuments
les plus précieux de l'histoire du passé de l 'A–
sie, et qu i , à lui seul, eût suffi à assurer la
gloire du génie littéraire de la Chaldée.
E n publiant pour la première fois, isolément,
les fragments de la compilation de Mar Apas Ca–
tina, nous avons suivi exactement le texte de
l'Histoire de Moïse de Khorène, sans nous préoc–
cuper des interpolations et des réflexions qui sont
du fait de cet écrivain, et qu'il est facile de r e –
connaître dans les passages qui appartiennent
en propre à l'œuvre du lettré syrien. Nous avons
conservé l'ordre des chapitres tel qu'il a été ar–
rêté dans les éditions modernes de l'Histoire de
l'Hérodote arménien, et notamment dans celles
publiées à Venise, par les savants mékhitaristes.
Ces éditions, exécutées avec le plus grand soin
par les membres de l'Académie arménienne de
Saint-Lazare , ont été faites à l'aide des nombreux
manuscrits conservés dans leur riche bibliothè–
que. Nous avons tenu compte des variantes que
ces doctes religieux ont jointes à leur édition des
Œuvres complètes de Moïse de Khorène
(
i
) ,
e t de
celles qui ont été signalées dans une brochure
spéciale, publiée par M. Jacques Garinian (d'Er-
zeroum) sous le titre :
Comparaison de l'édition
de l'Histoire de Moïse de Khorène éditée à Venise,
avec deux nouveaux manuscrits
( 2 ) .
Notre traduc–
tion présente donc toutes les garanties d'exacti–
tude qu'on peut désirer. Nous avons donné aux
chapitres de l a compilation de Mar Apas Catina
une suite régulière de numéros, en ayant soin
de conserver entre parenthèse, à côté de cha–
cun de ces chiffres, les numéros des chapitres de
l'histoire de Moïse de Khorène ; de cette façon,
le lecteur n'éprouvera aucune difficulté à retrou–
ver dans les éditions vénitiennes de cet écrivain
les passages correspondants.
(1)
Collection des classiques arméniens,
t.
21
;
en
arménien (Venise,
1843,
in
-8
°).
(2)
Pagktadouthioun
en armén. (Tiflis,
1588)
Fonds A.R.A.M