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NTROJ
cependant le premier livre est nommé, pa r l ' au –
teur ou par son traducteur, le
3
e
;
le second d e –
vient le 4
e
,
le troisième est appelé le 5
e
,
et enfin le
'
quatrième est désigné sous le nom de 6
e
.
Cette
division, qui peut paraître singulière de prime
abord, est cependant facile à expliquer. E n effet,
les premières lignes de l'avis préliminaire que
Faustus a placé
en
tête de son Hi s t o i r e , quo i –
que assez confuses, nous permettent de reconnaître
que l'ouvrage de cet annaliste, tel qu ' i l nous est
p a r v e n u , ne forme que l a troisième partie de
l a « Bibliothèque historique » , et que les deux
parties précédentes devaient être divisées en deux
livres distincts, traitant de l'histoire d'autres na –
tions. L ' Hi s t o i r e d'Arménie venait ensuite ; elle
formait l a continuation de l a « Bibliothèque » de
Faustus, et devait pa r conséquent commencer par
le troisième l i vre . E n effet, pour que le lecteur
ne pût avoir de doutes sur cette division en livres,
l'auteur, après avoir écrit, en tête dè son H i s –
toire d'Arménie, l a rubrique « troisième livre »,
se hâte d'ajouter le mot « commencement » , puis
vient le premier chapitre de ce même livre. De
cette façon, on doit écarter la supposition des sa–
vants Mékhitaris tes qui croyaient à l'existence d'une
autre Histoire d'Arménie du même au t eur , qui
serait aujourd'hui perdue. E n résumé , si le mot
Pouzantarariy
dont le sens a été expliqué plus haut,
a l a valeur que nous l u i avons attribuée, les mots
«
vo i c i ce qu i se trouve dans les livres de cette
troisième Histoire ( i ) » se comprennent aisément
sans qu ' i l soit besoin de recour i r à une autre
explication.
M . Neumann, de Munich, a cependant donné
une explication différente de l a nôtre
(2),
et que
nous croyons utile de rappeler, malgré son peu
de vraisemblance. Selon l u i , le i
e r
livre de Fau s –
tus serait appelé le
3
e
,
parce que cet historien
aurait considéré son ouvrage comme faisant suite
a u récit d'Agathange. Mais cette supposition, tout
ingénieuse qu'elle paraisse , ne repose sur aucune
preuve et se trouve en désaccord avec le texte
même de l'Avis préliminaire de Faustus.
L e s quatre livres de Faustus ont subi de l a
(1)
Cf. plus bas, Avis préliminaire de l'Histoire de
Faustus.
( 2 )
Versuch einer Geschichie der Armenischen
lit-
teratur
(
Leipzig, 183), p. 2 6 . — C'est aussi l'opinion
du P. Karékin dans son Histoire de la littérature armé–
nienne.
UCÏION.
part des copistes de fâcheuses mutilations, comme
on peut s'en assurer en lisant l a table des ma –
tières qu i termine le sixième livre. E n effet,
Faustus donnait, dans cette partie de son H i s –
t o i re , des détails sur lui-même « en dix versets
bien complets » , qui manquent actuellement dans
tous les manuscrits.
L ' Hi s t o i r e de Faustus embrasse l'espace d ' en –
v i r on un demi-siècle, et traite des règn s de huit
souverains arméniens de l a dynastie arsacide.
Après avoir dit quelques mots sur le ro i Tiridate,
sur S . Grégoire l'Illuminateur et son fils Rhesda–
guès, notre auteur raconte le règne de Chos–
roès I I , fils de Tiridate ; puis i l passe à ceux de
D i r an I I , d'Arschag I I , de B a b , de Varazadt,
d'Arschag I V , de Vagharschag ou Valarsace H .
I l termine son Histoire par un exposé de la di –
vision politique de l'Arménie arrêtée pa r Sapor,
roi de Perse, et pa r Arcadius , empereur des Grecs,
en faveur d'Arschag I V et de Chosroès I H .
L e style de Faustus est irréprochable comme
pureté de langue, et en cela i l ne le cède en r i en
pour l'élégance aux traductions arméniennes
faftes pendant le cinquième siècle. Cependant
Faustus a le défaut d'allonger ses périodes, ce
qui r end son style parfois très-languissant, et le
sens des mots difficile à saisir au premi er abo rd .
Aussi on doit comprendre que de difficultés i l
nous a fallu vaincre, pour rendre dans un idiome
européen l'ouvrage de cet auteur, qu i jusqu'à
présent n'avait pas encore été soumis à l'épreuve
d'une traduction.
L e texte de Faustus n ' a eu encore que deux
éditions; l a première a pa r u à Constantinople
en 1
^ 3 0 ;
l a seconde a v u le j ou r un siècle plus
tard à Venise en
i 8 3 2 .
L'édition
princeps
est fort
r a r e , et i l nous a été impossible de nous la p r o –
curer ; c'est sur le texte de "Venise que nous avons
fait notre traduction.
E n terminant, nous ferons observer que F a u s –
tus ne donne dans son livre aucune date, ce qui
rend l a chronologie des Arsacides très-difficile à
établir. Pour entreprendre l a restitution des épo–
ques de chaque règne, i l aurait fallu entrer dans
une série de longues discussions qui nous eussent
entraîné au-delà des bornes qui nous ont été
tracées. Dans u n ouvrage spécial, pou r lequel nous
avons rassemblé des documents assez nombreux,
nous aborderons l a question de l a chronologie
dès Arsacides d'Arménie qu i , jusqu'à présent, n'a
Fonds A.R.A.M