INTRODUCTION.
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tion dans son Histoire ( i ) , et avec lequel on a
cherché à l'identifier
(2).
L'instruction brillante que Faustus avait a c –
quise dans les écoles de l a capitale de l'empire
des Césars ne permet pas de douter que cet écri–
vain n'ait composé son livre dans l'idiome g r e c ,
et en effet son style diffère essentiellement,
même dans la traduction arménienne qui nous
est seule parvenue , de celui des autres écrivains
de son époque. De plus, les derniers mots qui ter–
minent le troisième l i vre de son Histoire ne p e u –
vent laisser subsister aucune incertitude sur l a
langue dans laquelle i l rédigea son l i v r e , puisque
Faustus y est désigné pa r cette épithète « grand
historien et chronographe grec. »
On doit croire que l'Histoire de Faustus de
Byzance fut traduite dans l a première moitié du
cinquième siècle, immédiatement après l'introduc–
tion ou l a mise en usage de l'alphabet na t i ona l ,
dont l'invention est attribuée à S . Mesrob ( 3 ) ,
et ce qui nous autorise à avancer cette hypothèse,
c'est l a mention que fait Lazare de Pharbe de l a
mutilation qu'aurait subie le texte original de
Faustus de l a part des falsificateurs grecs ou sy –
riens qui abondaient à cette époque (4).
L a version arménienne de l'Histoire de F a u s –
t us , répandue en grand nombre d'exemplaires
en Arménie, contribua sans aucun doute à l a
perte du texte original g r e c , comme cela avait
eu l i eu déjà pour une foule d'ouvrages du même
genre, dont il ne reste que des versions syriaques,
arméniennes, coptes, etc. Cependant le texte
primitif de Faus tus , qui avait eu un certain r e –
tentissement en Grèce, existait encore au sixième
siècle, puisque Procope l ' a c o nnu , et qu'on
trouve dans son
Histoire de la Guerre Persique
(5),
des détails précis sur les événements qui précédè–
rent et suivirent l a détention d'Arschag I I dans le
Château de l'Oubli (Aniousch;
«
ppoupiov
TYJ<;
X
>i8ri<;),
détails qui sont textuellement empruntés à notre au-
(1)
Liv. I V , ch. 4 ; liv. V , ch . 24 ; liv. VJ, cb.5 et 6.
(2)
Tchamitch,
Hist. d'Ami.,
1.1,
liv. I I , ch. 45. —
St-Martin,
Hist. du Bas-Empire
(
éd. Didot), t. V ,
p. 27.
(3)
Sur l'alphabet arménien, cf. notre Mémoire inséré
dans l'édition russe de Moïse de Khorêne (Moscou, 1858)
pag. 377; la traduction française dans la
Revue
d'Orient
(1865)
et le tirage à part de cette traduction.
(4)
Lazare de Pharbe,
Hist. d'Arm.,
p, 14.
(5)
Procope,
Bell, persic,
liv. I , ch. 5.
teur
(1).
E n effet, Procope nomme là source à l a –
quelle i l a puisé les renseignements qu'il donne sur
Arschag I I « une Histoire d'Arménie » , et c'est le
même titre que nous trouvons dans La z a r e de
Pharbe
(2).
L'édition de Venise donne une rubrique
différente : « Histoire d'Arménie de Faustus de
Byzance, en
4
livres. «Userait curieux desavo i r si
ce titre existe réellement sur les manuscrits dont se
sont servis les savants éditeurs, car il est à remarquer
qu'en tête des quatre livres de l'Histoire de Fau s –
tus, on lit les mots
Pouzantaran
Badmouthiounk,
qui sont fort importants. S'il est v r a i , comme
le dit La z a r e de Pharbe, que l'ouvrage de F a u s –
tus portait l a rubrique d'« Histoire d'Arménie » ,
On se demande ce que pourrait signifier alors le
terme
Pouzantaran,
et pourquoi le mot
Badmou-
thiounk
qui le suit écrit immédiatement, est au
pluriel au lieu d'être exprimé au singulier. P o u r
répondre à cette question, i l faut avant tout e x –
pliquer le mot
Pouzantaran.
Cette expression fort
singulière se compose de deux éléments, d'abord
Pouzant,
surnom de Faustus qui est l'abrégé de
Pouzantatzi
,
«
originaire ou natif de Byzance » ,
et ensuite l a particule
ran
q u i , en arménien,
exprime l'idée de l i eu . C'est le seul et un i que ,
cas où cette particule entre dans l a composition
d'un nom propre . Or , en présence d'un fait aussi
rare dans l a langue arménienne, on peut hasar –
der une conjecture , c'est que le mot composé
Pouzantaran
doit signifier « Bibliothèque de
Pouzant » ou « de Faustus de Byzance ». A l ' ap –
pu i de cette hypothèse, nous voyons le mot
Badmouihiounk
«
histoires » employé au p l ur i e l ,
ce qui nous permet de conjecturer que les e x –
pressions
Pouzantaran
Badmouihiounk
veulent
dire « Bibliothèque historique de Faustus de
Byzance », et que cette Bibliothèque renfermait
l'histoire de plusieurs nations et notamment celle
de l'Arménie. A u surplus, ce titre n'a r i en d'inso–
lite, puisque déjà i l avait été pris à une époque
plus ancienne pa r Di odore de S i c i l e , dont les
œuvres, soit dit en passant, étaient complètes à
l'époque où vécut Faustus
(3).
Faustus a divisé son ouvrage en quatre livres
(4);
(1)
Faustus de Byzance,
Hist. d'Arm.,
liv. I V , ch. 54,
et liv. V , ch. 7.
( 2 )
Lazare de Pharbe,
Hist. d'Arm.,
p. 8.
(3)
Cf. Moïse de Khorêne,
Hist. d'Arm.,
liv. I I I ,
ch.
1.
(4)
Cf. plus bas, la Préface de Faustus,p. 20°.
Fonds A.R.A.M