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d'Arméniens. Dès le mois de lévrier on colportait
des b ru i t s a l armant s ; i l n'était pas jusqu'aux en–
fants eux-mêmes qu i ne s'en fissent l'écho. C'est
ainsi que des fillettes turques fréquentant les
écoles de la mission américaine, racontaient cou–
ramment avoir « entendu dire à la maison qu'on
allait tuer tous les Arméniens
1
».
En mars, les
musulmans dev i nrent extrêmement hostiles ; ils
tenaient des propos menaçants. L'enquête aurait
établi par la suite qu'ils étaient convaincus que les
Arméniens méditaient un coup. Le Consul d ' An –
gleterre à Mers ine , M . Do u g h t y -Wy l i e , écrit dans
son rapport :
Je suis d'avis que la grande majorité des Turcs
croyaient réellement que leur pays, leur vie et leur re–
ligion étaient menacés. Ils étaient trop ignorants pour
se rendre compte de l'invraisemblance de la chose.
Tou j our s es t - i l que l'idée d'un massacre avait
fait du chemin . Le moment semblait d'autant plus
propice à pareille entreprise, qu'au pr intemps les
travaux des champs attirent dans la plaine c i l i -
cienne 30 à 40,000 ouvr i ers circassiens, your ouks ,
kurdes, qu i constituaient un appoint précieux pour
la rapide exécution de la besogne qu i allait s'ac–
comp l i r . Les Jeunes-Turcs affirment que le mas–
sacre n'a pas été organisé, qu ' i l a été l'effet du
hasard, de la fatalité, du
Kader.
Les Arméniens
soutiennent, au contraire, et nombre d'Européens
1
Rapport d'une missionnaire, miss E . Webb.
Fonds A.R.A.M