titude extrêmement soumise des chrétiens, atterrés par le
départ des troupes grecques. Après le pillage des demeures et
de toutes les marchandises commerciales, les quartiers armé–
nien, grec et franc furent méthodiquement incendiés par les
Turcs, qui allumaient des foyers circulaires au moyen de
pétrole et de bombes pour y encercler les populations. Ainsi
périrent des dizaines de milliers de chrétiens, mitraillés quand
ils voulaient franchir les cercles enflammés. D'autres pour–
chassés vers les quais, où des cordons protecteurs avaient été
organisés par les marins alliés, se noyèrent. Les commandants
des vapeurs étrangers témoignent du spectacle terrifiant des
cadavres entourant leurs mouillages. Les massacres étaient
perpétrés par les troupes et les civils turcs et par la cavalerie
sabrant la foule éperdue. I l est impossible d'évaluer exacte–
ment, mais le nombre des victimes est terrifiant. Les chrétiens
eussent pu évacuer Smyrne si des assurances ne leur avaient
été données au sujet des dispositions pacifiques de Kémal. Le
sous-directeur du Crédit Lyonnais, obligé de fuir au dernier
moment, comme d'ailleurs tous les consuls, déplore avoir dû
conseiller à son personnel de demeurer à son poste et insisté
jusqu'à menacer de considérer démissionnaire tout employé
quittant Smyrne. L'étendue des horreurs et des barbaries tur–
ques résulte des témoignages concordants des rescapés qui
affluent en Grèce ainsi que des rapports de consuls, amiraux,
directeurs d'établissements étrangers, etc. La directrice du
Collège Américain atteste avoir vu des officiers turcs pétroler
son établissement abritant des vieillards, des femmes et des
enfants. I l importe de rendre hommage aux marins français,
anglais, italiens, américains et japonais qui organisèrent le
sauvetage des chrétiens ainsi qu'aux consuls et établissements
religieux. Notre archevêque fut sauvé d'une mort certaine par
la Congrégation française. Démentez les odieuses insinuations,
de source turque, attribuant aux Arméniens et aux Grecs les
bombes provocatrices et les incendies. I l est urgent d'envoyer
Fonds A.R.A.M