blique Arménienne a donné en même temps des preuves suf–
fisantes d'union et de stabilité et a montré la capacité du peuple
arménien à se gouverner lui-même.
V. — L'ARMISTICE ET LE MOUVEMENT KEMALISTE
Les Arméniens qui détenaient le triste privilège d'avoir
été les plus éprouvés par la guerre — puisqu'ils comptent
parmi les victimes de cette effroyable mêlée environ le tiers
de leur chiffre total — étaient fondés à espérer, qu'après un
tel passé la victoire des Alliés marquerait, sinon le terme
de leurs souffrances, du moins le commencement d'une ère
d'amélioration générale dans leur situation. Or, contrairement
à toute attente, la victoire finale des Alliés n'a pas apporté aux
Arméniens la délivrance promise du joug turc. L'armistice
de Moudros, signé le
3
o
octobre
1918
entre les Principales
Puissances Alliées et la Turquie, a arrêté les troupes alliées sur
les frontières de l'Arménie turque. Parmi les territoires appe–
lés à être détachés de l'anoien Empire Ottoman, les régions
destinées à l'Etat Arménien furent les seules à ne pas être
occupées par les Alliés victorieux.
L'Armistice de Moudros, déjà défectueux en lui-même, ne
fut jamais appliqué comme i l devait l'être. C'est ainsi que l'ar–
mée turque ne fût que très partiellement désarmée. En même
temps que celle-ci était démobilisée, les soldats turcs distri–
buaient la plus grande partie de leurs armes et munitions,
aux populations musulmanes. Les armes et les munitions,
dont des stocks considérables se trouvaient entreposés dans les
régions de la Turquie d'Asie, contrôlées par les Alliés (Afioun
Karahissar, Bozanti, etc.) n'ont pas été détruites, ce qui a per–
mis aux Turcs d'y puiser largement pour équiper et armer
les formations nationalistes. Une des clauses de l'armistice pré–
voyait expressément que si des désordres éclataient dans les
provinces arméniennes de la Turquie, ces régions seraient
Fonds A.R.A.M