Nous ne raconterons ici ni les massacres, ni les déporta–
tions qui ont été la forme hypocrite des massacres. On trou–
vera des récits, appuyés de témoignages écrasants, dans le
Blue Book présenté au Parlement Britannique par Lord Bryce,
dans les livres de M. Morgenthau, Ambassadeur des Etats-
Unis d'Amérique à Constantinople, de M. Einstein, etc... On
trouvera de même des documents et témoignages indiscutables
dans des ouvrages écrits par des Allemands, alliés de la Tur–
quie, tel que le rapport du D
r
Niepage, celui du D
r
Lepsius,
le livre de M. Stuermer, etc. Mais i l est important surtout
de constater que l'œuvre d'extermination de toute une nation
a été organisée méthodiquement par le Gouvernement Jeune-
Turc dont les ordres étaient transmis par circulaires et télé–
grammes aux fonctionnaires de tous les vilayets arméniens.
Un grand nombre de ces documents ont été retrouvés et
publiés depuis.
Pour se disculper de ces atrocités sans précédent dans
l'histoire qui avaient frappé d'horreur la conscience du monde
civilisé, les Turcs ont essayé de faire valoir la thèse menson–
gère de l'insurrection arménienne sur les derrières de l'armée
turque.
Cet argument est insoutenable. Qu'il nous suffise de citer
à ce sujet quelques télégrammes officiels allemands, rendus
publics par le D
r
Lepsius dans son recueil de documents. Les
témoignages des représentants de l'Allemagne, allié de la Tur–
quie, les seules autorités européennes se trouvant sur les lieux
durant la guerre, ne peuvent évidemment pas être taxés de
partialité en faveur des Arméniens, même par les Turcs.
« ...
Il n'y a à craindre aucune insurrection de la part dm
Arméniens. Ces mesures de déportation sont donc cruelles et sans
motif... »
SCHEUBNER, Consul d'Allemagne à Erzeroum.
16
mai 1915.
Fonds A.R.A.M