marque aussi la fin. En effet, c'est après l'Assemblée d'Erze-
roum où tous les représentants du peuple arménien réunis,
avec un geste magnanime qui restera dans l'histoire, refusè–
rent les offres des délégués turcs les tentant par l'alléchante
promesse d'une autonomie, pourvu qu'ils prissent position
contre les Alliés, que fut inauguré ce terrible carnage dans
lequel les Kurdes, les sicaires des Turcs, massacrèrent envi–
ron
700.000
Arméniens. Cette tuerie, par son mode d'exécu–
tion et par sa férocité, n'a pas de précédent dans l'histoire.
«
Le temps me manque pour raconter comment les volon–
taires arméniens, rangés de notre côté, ont accompli dans le
Caucase et en Palestine, des actes héroïques et d'heureux faits
d'armes, qui ont mérité d'être cités à l'ordre du jour de la
Chambre des Communes, à Londres.
«
Il est permis de s'étonner que les Gouvernements Alliés
qui reconnurent (et ils firent bien) l'autonomie et la représenta–
tion politique des Polonais, des Tchèques et des Yougo-Slaves,
n'aient pas encore consenti ces mêmes droits aux Arméniens,
investis du privilège de l'infortune. Mais le jour de la libéra–
tion est imminent. Le prochain congrès de la paix effacera
les dernières traces de la Sainte Alliance des Princes de
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contre les peuples opprimés.
<( L'initiative de cette rédemption doit revenir à l'Italie
qui, suivant les enseignements de Mazzini, des rois libérateurs
de la Maison de Savoie, de Cavour, de Garibaldi, ne s'est
jamais enfermée, comme firent les Allemands, dans un
égoïsme national, mais ayant elle-même l'expérience des lon–
gues douleurs, a désiré et poursuivi sa propre indépendance
en même temps que celles de toutes les nations subjuguées.
((
Haud ignora mali, miseris succurrere disco
(1).
<( Et mon âme d'Italien s'est réjouie quand, il y a quel-
1)
Connaissant le malheur, je sais secourir les malheureux.
Virgile (Eneside)
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Fonds A.R.A.M