deviennent folles, ou crient : « Sauvez-nous,
nous nous ferons musulmanes, ou allemandes,
o u tout ce que vous voudrez. Sauvez-nous ! »
Tout à coup, faisons silence, que l est ce
mu rmu r e ? Un témoin oculaire raconte : « C'est
cependant extraordinaire de voir comment l a
p l u p a r t de ees femmes se comportent. Ces
lemmes, q u i avaient dû tout abandonner dans
u n délai si court qu'elles n'avaient même pas
mi s leurs souliers, qu i devaient pa r c ou r i r le
c h emi n rocailleux de l a montagne, avec u n
enfant dans les bras et deux ou trois enfants
pendus à leurs jupes, on les entendait mu r mu –
rer en passant dans l a rue : « au n om de Jésus !
au nom de Jésus ! »
E t c'était bien le chemi n de l e u r Jésus, le
c hemi n du Calvaire, celui q u i mène au « lieu
d u Crâne » , le Désert. Et si nous avons d i t :
ma l h e u r à ceux q u i avaient échappé au massa–
cre, disons : trois fois ma l heur à ceux q u i ont
échappé à l a caravane !
Ici i l existait u n précédent. Lorsque les
Jeunes-Turcs avaient v o u l u débarrasser Cons–
tantinople des bandes de chiens, qui peuplaient
les rues, ils les avaient rassemblés, mis sur des
bateaux et portés dans une île déserte, où ils
avaient dû mo u r i r de f a im. Les Jeunes-Turcs
traitaient les Arméniens, comme ils avaient
traité les chiens. Ils les déportaient soit dans
le désert d'Anatolie, soit surtout dans le désert
d'Arabie, entre A l e p et l'Euphrate.
Le quart des caravanes seulement a r r i v a i t à
destination, passant du climat f r o i d au climat
t o r r i d e . Et tous les récits sont d'accord .sur ce
Fonds A.R.A.M