bey, ministre de la Justice, assisté de Vehib pacha, rencontre
celle de la Transcaucasie, présidée par Tchkhenkeli, entouré de
Katchaznouni et de Rassoul Zadeh. L'Allemagne, en tant que
co-signatrice du traité de Brest-Litovsk, est représentée par le
général von Lossow. La délégation transcaucasienne insiste pour
que les pourparlers soient conduits sur la base du traité de
Brest-Litovsk. Khalil bey réplique que ce traité a été désap–
prouvé par le
Seïm
et qu'après le départ de la délégation
transcaucasienne de Trébizonde, les opérations militaires ne se
sont pas arrêtées, ce qui a créé une situation nouvelle : « Les faits
qui suivirent sont connus, la lutte a commencé entre les troupes
turques et les troupes caucasiennes et malheureusement le sang
a coulé. Le caractère de nos rapports a donc changé (33). » Le 14
mai, les Turcs présentent des exigences accrues : outre les ter–
ritoires attribués à Brest, ils demandent les districts d'Akhalka-
lak et d'Akhaltsikh, dont les représentants musulmans, pré–
sents à Batoum, réclament le rattachement à la Turquie, ainsi
que l'annexion d'une zone de 25 kilomètres de large le long du
chemin de fer Alexandropol-Djoulfa, assurant le libre passage
des troupes turques vers la Perse, sous prétexte de combattre les
Anglais qui s'y trouvent (34). Ils appuient cette exigence par
une nouvelle avance, et le 15 mai s'emparent de l'important
nœud ferroviaire d'Alexandropol (aujourd'hui Leninakan),
menaçant ainsi Tiflis et Erevan.
La menace de l'occupation totale de l'Arménie orientale
provoque un sursaut de patriotisme à Erevan. Le général Na-
zarbekian, commandant en chef de l'armée arménienne, lance
un pathétique appel de la dernière heure, et le 26 mai, un corps
d'armée aux ordres des généraux Daniel Bek Piroumian et
Silikian livre des combats acharnés près d'Erevan, à Sardarabad,
contraignant les Turcs à battre en retraite. Erevan est sauvé ;
l'organisateur de sa défense, Aram (Manoukian), montrera un
courage civique digne de cette lutte mémorable qui assura la
survie de l'Arménie et son indépendance. Les Turcs sont
également arrêtés à Bach-Abaran par le chef populaire Dro et à
Karaklis, ce qui retarde la progression des Turcs vers Bakou
(33)
A.M.A.E.F., Russie-Turquie, 626, réf. 653-1.
(34)
Pendant les années 1916-1917, la guerre russo-turque s'étendit dans la partie
nord-ouest de la Petse. Aux termes du traité de Btest, les troupes russes et turques
devaient évacuer ce pays.
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Fonds A.R.A.M