Soucieux de protéger ses compatriotes, i l concentre ses troupes
dans leur quartier mais i l ne peut les empêcher d'être entraînés
dans une action contre les musulmans. Retranché dans la
forteresse, écrasé par l'artillerie de marine, l'E.M. des mous–
savatistes se rend. Une délégation conduite par A l i Mardan
Toptchibachev se présente au Comité pour la défense de
Bakou créé par le soviet qui l'oblige à accepter les conditions
de reddition suivantes : les moussavatistes doivent reconnaître
le Comité exécutif bolchevik comme seul pouvoir dans la ville,
accepter la subordination de leurs troupes au soviet ou à défaut
assurer leur évacuation de la région de Bakou, ne pas obstruer
les communications avec Tiflis et Petrovsk.
Après ce succès, les bolcheviks prennent des mesures
propres à renforcer leur autorité. Ils ferment les journaux de
l'opposition et imposent aux industriels une contribution de
50
millions de roubles. Chahoumian, dans sa lettre du 13 avril
au Soviet, transféré à Moscou, décrit en ces termes les
événements sanglants dont la ville a été le théâtre : « D'un
côté la garde rouge soviétique, le régiment bolchevik interna–
tional et la flotte rouge. De l'autre, la Division Sauvage
musulmane qui compte dans ses rangs de nombreux officiers
russes, et des bandes armées musulmanes dirigées par les
moussavatistes. L'issue du combat nous a été favorable (...) Ce
sont les moussavatistes qui ont pris l'offensive : victorieux, ils
seraient devenus maîtres de toute la Transcaucasie et cela se
serait traduit pour la Russie par la perte de ce territoire. Nous
avons eu 6 000 combattants et 3 à 4 000 hommes de troupes
arméniennes soumises aux dachnaks. Leur participation a pris
le caractère d'une lutte intercommunautaire, mais i l a été
impossible de l'éviter (30). »
Les succès militaires bolcheviks à Bakou inquiètent le
Seïm
et particulièrement le groupe parlementaire moussavatiste qui
a établi sa capitale provisoire à Gandja. Le 2 avril, à la réunion
du
Seïm,
le S.R. géorgien Noï Ramichvili déclare qu'après
cette défaite, « la voie est ouverte à l'offensive bolchevique
contre Tiflis et à la conquête de toute la Transcaucasie » (31).
Début avril, sous la pression des moussavatistes, le
Seïm
décide
d'envoyer le colonel Nikita Magalov à la tête de 6 000 hommes
de la Division Sauvage à Gandja d'où, renforcé par les
(30)
La lutte pour le pouv. sov. en Azerbaïdjan
(104),
doc. 359, pp. 347-350.
(31)
Histoire de l'Azerbaïdjan
(121),
vol. I, p. 109.
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Fonds A.R.A.M