Arméniens et Géorgiens ont commencé à unir leurs efforts et
pris une attitude hostile envers la Turquie (...) Pour appuyer
leurs revendications contre cette force, les Arméniens ont
constitué des corps d'armée dont l'un est composé de bandes
qui attaquent actuellement nos troupes pour les chasser du
territoire sacré de l'Empire ottoman. L'unique aspiration des
Turcs du Caucase est de lier leur sort et leurs efforts à ceux
des Turcs ottomans pour s'affranchir du joug qui pèse sur
eux depuis des siècles. »
Les troupes arméniennes et géorgiennes levées en hâte par
le
Seïm
ne peuvent offrir une résistance efficace à une armée
turque aguerrie par quatre années de combats et renforcée
par des unités d'élite prélevées sur le front mésopotamien.
De surcroît, la majorité des Arméniens et des Géorgiens
mobilisés — 200 000 environ — étaient dispersés sur le front
occidental. Quant aux musulmans du Caucase — 40 % de la
population —, qui disposaient de leurs propres troupes, ils
n'avaient aucune envie de se battre contre leurs coreligion–
naires et pensaient beaucoup moins à leur résister qu'à les
accueillir à bras ouverts.
Le 13 février, sous la pression des forces turques, le corps
d'armée arménien qui avait templacé les troupes russes
évacuait Erzindjan et se retirait sur Erzeroum où i l résista
vaillament pendant quinze jours. Andranik et ses partisans
furent chargés de couvrir la retraite des forces arméniennes
afin de laisser aux nombreux réfugiés le temps d'échapper
aux Kurdes et à la soldatesque turque. Chef prestigieux des
volontaires arméniens sur le front du Caucase où i l avait reçu
le grade de général-major, Andranik fut nommé par le
bureau des Arméniens occidentaux, transféré d'Erevan à
Tiflis en décembre 1918, au commandement de la 3
e
Di–
vision en formation qui comptait d'héroïques chefs de par–
tisans comme Mourad, Smbat et Torkom. Désespéré par
l'effondrement du front, Andranik envoie le 19 février un
télégramme à Boghos Noubar pacha, chef de la Délégation
arménienne à Paris : « Avons 12 000 soldats. Ennemi dé–
clenche attaque. Pas espoir sur Arméniens du Caucase. Sont
actuellement 8 000 et ne peuvent garder front. Tout dé–
sorganisé. Attendons nouvelles désagréables. Indispensable
que Anglais envoient forces suffisantes en Perse et Alliés
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Fonds A.R.A.M