coalition de Petrograd est rejetée par les mencheviks et les
dachnaks : ceux-ci prennent une position « défensiste » et
optent pour la poursuite de la guerre, ce qui provoquera la
rupture entre bolcheviks et mencheviks à Bakou comme à
Tiflis.
Après les événements de juillet à Petrograd qui entraînent
la répression contre les bolcheviks, les partis socialistes (S.R. et
mencheviks) et le comité exécutif du soviet tiennent du 12 au
16
juillet une conférence à Bakou. Les dirigeants de ces partis,
Sadovski, Sahakian et Bagatourov, veulent éliminer du soviet
les bolcheviks et instaurer dans la ville une dictature militaire.
Mais ils n'osent pas sévir contre leurs adversaires. Au cours de
l'été, le soviet doit faire face à de graves difficultés provoquées
par la pénurie de vivres. Le Kouban, grenier du Caucase, est en
proie à la guerre civile, partisans et adversaires des bolcheviks
s'y affrontent, ce qui ralentit considérablement l'arrivée des
convois de blé à Bakou. Le Comité de ravitaillement organise
des perquisitions dans les régions rurales à forte majorité
musulmane, ce qui provoque évidemment le mécontentement
des paysans. Les conditions de vie des ouvriers victimes de la
disette sont aggravées par la hausse vertigineuse des prix. Des
grèves, notamment dans l'industrie du pétrole, ne tardent pas
à éclater. Pour les bolcheviks, la situation critique des ouvriers
est due aux S.R. de droite et aux mencheviks qui, sous la
pression des industriels du pétrole, ne défendent pas suffi–
samment les intérêts du prolétariat ; ils en profitent pour
développer leur propagande révolutionnaire. En juillet,
Djaparidzé, délégué du soviet de Bakou, déclare au V I
e
Congrès des soviets à Petrograd : « Notre travail est sensible–
ment facilité par le mécontentement grandissant des ouvriers,
mais nous devons accueillir la nouvelle vague révolutionnaire
d'une manière organisée (22). »
En septembre, des grèves partielles éclatent dans l'indus–
trie du pétrole, puis dans les transports, dans la marine
marchande, dans le textile et dans la métallurgie. Le 21
septembre, à la conférence des représentants des ouvriers du
pétrole, Djaparidzé suggère d'exiger, par ultimatum adressé
aux industriels, l'acceptation du contrat collectif supprimé
pendant la guerre et dont la remise en vigueur est réclamée par
(22)
Gouliev(118), p. 72.
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Fonds A.R.A.M