membres du bureau dachnak, Zavriev et Rouben, et les
bolcheviks Chahoumian, Chahverdian, Nazaretian, Kassian et
Tsintsadzé, et à Erevan entre Aram (Manoukian) et Makintsian,
un accord est conclu : l'Arménie occidentale sera indépen–
dante ; en cas d'agression turque, les troupes arméniennes
résisteront en liaison avec les troupes russes restées sur le front et
que Chahoumian s'efforcera d'y maintenir. Cependant, la
méfiance de certains dirigeants dachnaks, qui craignent d'être
dominés par les bolcheviks, et la débandade des troupes russes
stationnées en Arménie rendent cet accord illusoire.
Ne voulant pas être subordonné au nouveau pouvoir
bolchevik de Petrograd, le Commissariat transcaucasien décide
de créer le 10 février 1918 une assemblée indépendante, le
Seïm,
où siégeront les délégués élus auparavant par leurs
conseils nationaux pour les représenter à l'Assemblée Cons–
tituante. Invités à envoyer leurs représentants au
Seïm,
les
bolcheviks se récusent. Le Kraïkom considère, non sans raison,
que cet organisme consacre la séparation de la Transcaucasie
d'avec la Russie, ce qui ne reflète pas l'opinion des électeurs,
ceux-ci ayant voté pour la constitution d'une assemblée
représentant toutes les nationalités et non pour la sécession.
Pour élargir ses assises — le nombre des députés élus pour la
Constituante étant restrictif — le
Seïm
triple le nombre de ses
membres en admettant 36 mencheviks, 30 moussavatistes, 27
dachnaks, 19 S.R., 7 députés du bloc socialiste-musulman, 4
hùmmetistes, 3 ittihadistes et 4 K.D. et social-fédéralistes
géorgiens. Présidée par Tchkhenkeli, la fraction menchevique y
joue le rôle essentiel. Dès l'ouverture du
Seïm,
le 10 février, un
meeting de protestation organisé par les bolcheviks dans les
jardins d'Alexandrovsk à Tiflis est dispersé : des morts et des
blessés restent sur le terrain. Le refus des bolcheviks de
participer au
Seïm
sert à celui-ci de prétexte pour sévir contre
eux : Chahoumian, resté à Tiflis, est menacé d'arrestation.
L'organe bolchevik trilingue
KavkazkiRabotehii
est interdit. Le
Kraïkom et d'autres organisations bolcheviques entrent dans
l'illégalité. Les dachnaks, qui ne peuvent plus compter sur les
bolcheviks pour entreprendre avec ceux-ci une action séparée
visant entre autres à la défense des intérêts arméniens, sont bon
gré mal gré contraints de collaborer au
Seïm
avec les
mencheviks et les moussavatistes.
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Fonds A.R.A.M