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N° 47 .
M. P.
C A M B O N ,
Ambassadeur de la République française à Constantinople,
à
M .
M E Y R I E B ,
Vice-Consul de France à Diarbékir.
Péra, 26 janvier 1896.
Le Sultan a, sur ma demande, donné l'ordre à la Porte d'inviter la Commission à
rester à Diarbékir jusqu'au déplacement d'Aniz Pacha.
P. CAMBON.
N° 48 .
M.
M E Y R I E R ,
Vice-Consul de France à Diarbékir,
à
M .
D E L A B O U L I N I È R E
,
Chargé d'Affaires de France à Constantinople.
Diarbékir, 25 février 1896.
La ville a encore été hier en proie à une violente panique. Depuis quatre mois, ces
paniques sont pour ainsi dire périodiques. Elles surviennent à peu près tous les huit
jours. Les motifs apparents sont les provocations des Musulmans, les avertissements
que quelques-uns d'entre eux donnent à leurs amis chrétiens, ou bien encore les
bruits de massacres dans notre ville qu i , mis en circulation par des individus parfai–
tement connus, sont répétés de bouche en bouche et arrivent en très peu de temps
à jeter l'alarme parmi les Chrétiens. Du reste, l'attitude du Gouvernement à l'égard
de ces derniers, son mauvais vouloir à leur accorder les réparations qu'il leur doit et
sa complaisance pour les coupables reconnus des derniers massacres, ne sont pas de
nature à donner confiance à la population.
Malgré mes pressantes instances et les promesses qui me sont faites tous les j ours ,
j e n'arrive pas à faire rendre aussi vite que j e le désirerais les femmes et les filles en–
levées. Je rencontre des difficultés de toute sorte : tantôt c'est le zaptié qui s'est laissé
gagner, tantôt c'est la femme qui a été emportée dans un autre village; une autre fois
elle ne se trouve pas à l'endroit indiqué; i l y a toujours de la part des autorités quel–
ques bonnes excuses qui expliquent la non-réussite de ces démarches. Cependant,
malgré cette mauvaise volonté évidente, je ne désespère pas d'obtenir encore la resti–
tution de plusieurs d'entre elles.
MEYRIER.
Fonds A.R.A.M