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NélT esprimere a V. Ecc. anche a nome del Santo Padre i sensi d i gratitudine che
eccita questo procedere degh indicati Agenti a favore dei fedeli deh" Impero Otto-
mano mi onoro raffermarle i sensi délia mia più distinta considerazione.
M. Cardinal
RAMPOLLA.
IN° 4 4 .
M.
M E Y R I E R ,
Vice-Consul de France à Diarbékir,
à
M .
P.
C A M B O N ,
Ambassadeur de la République française à Constan–
tinople.
Diarbékir, 18 décembre i8g5.
MONSIEUR L'AMBASSADEUR,
Pour rendre plus complet le récit des événements qui ont ensanglanté la ville et
le vilayet de Diarbékir pendant les 1
e r
, 2 , 3
et jours suivants du mois de no–
vembre 1 8 9 6 , je crois devoir remonter aux incidents suscités par le vali, quelques
jours auparavant, à l'occasion de sa nomination. Ils en sont comme le prélude et
pourront peut-être servir plus tard à en donner partiellement l'explication.
Aniz Pacha, Mutessarif de Mardin, désigné en octobre 1894 pour gérer le vilayet de
Diarbékir, en l'absence de Soury-Pacha, était connu dans cette ville pour son fanatisme
et sa haine des chrétiens. Dans l'exécution de ses nouvelles fonctions, tous ses actes
ont été de nature à confirmer cette réputation et à donner aux chrétiens la certitude
de sa partialité et de son hostilité à leur égard. On se rappelle la situation de Di a r –
békir au mois de mars dernier, lors du passage dans cette ville du cheik de Zilan
et les efforts qu'il a fallu faire, à cette époque, pour conjurer une catastrophe. Aussi,
lorsque, le
l\
octobre, la nouvelle de sa nomination comme vali de Diarbékir se ré–
pandit dans la ville, les chrétiens ont été consternés ; ils se sentaient sans défense à
la merci de cet homme dont ils avaient tout à craindre et, dès ce moment, ils ont
perdu toute confiance dans le Gouvernement. Cependant Aniz Pacha ne se conten–
tait pas d'une nomination qui devait l u i paraître inespérée et qui était inexplicable
pour tous ; i l l u i fallait encore l'approbation de cette population qu'il opprimait et i l
imposait, par la force, à ses chefs spirituels et à ses notables un télégramme au Sultan
pour le remercier de cette nomination et l u i faire un éloge pompeux de celui qui en
était l'objet.
Tous les chrétiens, sans exception, furent indignés de cette indélicatesse de la
part du chef du Gouvernement et exaspérés de la faiblesse de ceux qui les représen–
taient. Ils fermèrent leurs boutiques et leurs églises, en interdirent l'entrée aux prêtres
et finalement imposèrent à leurs chefs un nouveau télégramme aux Patriarches de
Constantinople pour contredire le premier et déclarer qu'il était contraire à la volonté
de leurs peuples. La réponse s'est fait attendre huit jours, pendant lesquels la situa–
tion est restée la même, et ce n'est qu'après l'avoir reçue, que les chrétiens ont mis
fin à leur manifestation.
Fonds A.R.A.M