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événements; elles auraient p u avoir de terribles conséquences. I l est incontestable, en
p r emi e r l i e u , que l ' on n'a r i e n essayé de prévenir; le commandant de la légion de
gendarmerie n'a opposé aux émeutiers qu ' un nomb r e insignifiant de ses homme s , et
la force armée ne s'est présentée que quand l'influence mora l e d u Gouverneur avait
détourné le plus grand danger. I l paraît en outre probable que le fait indiqué par
l'autorité comme ayant été la cause d u soulèvement, le meu r t r e d ' un Musu lman par
u n compagnon de plaisir chrétien, est inexact : on affirme que ce serait u n autre Ma -
hométan q u i serait l'assassin.
J'ai fait connaître à Vo t r e Excellence, autant q u ' i l m'a été possible de le faire par les
voies rapides, les différentes circonstances de ces incidents.
Je dois ajouter qu ' i l en est résulté u n véritable affolement q u i sera l ong à se calmer.
E n ce q u i concerne mes constatations personnelles, j e pu i s men t i onne r le dépari
en armes, effectué h i e r soir à grand b r u i t , des Tur c s don t les maisons avoisinent le
Consulat; en f i n , les rapports d u chef des Cavas, ancien serviteur don t la fidélité est
éprouvée, ainsi que des drogmans du poste, présentent les faits sous u n j o u r d'une
particulière gravité.
J'espère que les mesures prises et l'effet mo r a l p r o d u i t par la démonstration des
Consuls, q u i ont traversé la ville en corps p ou r se rendre au Conak, auront p ou r résul–
tat de prévenir le r e t our de démonstrations dont les conséquences seraient dép l o –
rables; mais l ' on signale, u n peu pa r t ou t , des réunions de Musulmans, et les rumeur s
les mo ins rassurantes rencontrent, chez t o u t le mo nd e , u n crédit entier. Les appré–
hensions les plus vives se manifestent p ou r la n u i t prochaine.
CILLIÈRE.
N° 5 .
M.
C I L L I È R E ,
Consul de France à Trébizonde,
à M . P.
C A M B O N ,
Ambassadeur de la République française à Constan–
tinople.
Trébizonde, 9 octobre 1895,
6
h. 3o matin.
Les plus dou l oureux événements se sont pr odu i t s h i e r ma r d i , vers m i d i , ainsi
que j e l'avais prévu. L e massacre et le pillage ont continué presque t out e la journée.
Les malheurs doivent être très grands.
J'ai p u jusqu'à présent protéger notre établissement français et la c o l on i e , mais le
danger reste considérable, et l ' on redoute une invasion des Musulmans des villages.
Le nomb r e des troupes est absolument insuffisant.
u h.
00
matin.
L a situation reste c r i t i qu e ; malgré les promesses d u V a l i , aucune nouvelle t r oupe
n'est annoncée.
C I LL I ÈRE .
Fonds A.R.A.M