Q
U A T R I È M E
A
N N É E .
N ° 95.
Le Numéro :
30
centimes.
1
er
O
C T O B R E
1904
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QU I L LARD
Adresser tout
ce qui concerna laDirection
à M. Pierre QUILLARD
lO, Rue USToIlet. Faris
A B O N N E M E N T S
France
S »
Étranger
l O »
Paraissant le i
er
et le i5 de chaque mois
COMITÉ DE RÉDACT I ON :
Q.
Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé
Secrétaire de la Rédaction :
Jean L O N G U E T
A D M I N I S T R A T I O N :
Avenue de l'Observatoire, 3
—.-
=sa=—
A B O N N E M E N T S :
France
S »
É t r a n g e r
l O »
SOMMAIRE :
I n f o r m a t i o n s : L a d é l é g a t i o n d u catholicos a u x
É t a t s - U n i s ; L a m o b i l i s a t i o n d u
4
0
c o r p s ; L'affaire
de V a n ; L'attitude de s c o n s u l s e u r o p é e n s ; L a
m o r t de l'assassin B y k o f f ; L e patriarche et l e
g r a n d - v é z i r ; L ' a c t i o n des amb a s s a d e s ; É m e u t e s
m i l i t a i r e s ; L a d é m i s s i o n de H a s s a n - F e h m i ; L e
m o u v e m e n t albanais ; Dans l ' Y é m e n . — L a O u i n -
zaine : L ' i n e r t i e de l ' E u r o p e (PIERRE QUILLARD).
U n a p e r ç u h i s t o r i q u e de l a q u e s t i o n a r m é –
n i e n n e ( H . N . BRAILSFORD).
L a presse russe et
les a t r o c i t é s cosaques (ARGISTIS).
B i b l i o g r a –
p h i e : L e s r é f o r m e s et l a protection des c h r é t i e n s
en O r i e n t (R.)..
N o u v e l l e s d ' O r i e n t : M a c é –
d o i n e ; L e pillage de S a l o n i q u e ; E n A l b a n i e ;
Dans l ' Y é m e n .
INFORMATIONS
La délégation du Catholicos
aux États-Unis.
U n t é l é g r amme de Wa s h i n g t o n nous
annonce l a réception cordiale de la
délégation du Catholicos par le prési–
dent de la Ré p u b l i q u e des É t a t s - Un i s .
La mobilisation du
4
e
corps.
C o n s t a n t i n o p l e
via
Sofia,
23
s e p t emb r e .
U n i r ad é ordonne la convocation de
nombreux bataillons de rédifs dans le
4
e
corps d ' a rmé e , celui de la frontière
turco-russe.
(
Le Temps.)
Massacre à Ramsa.
C o n s t a n t i n o p l e
via
Sofia,
29
s e p t emb r e .
Selon des nouvelles privée, le village
de Rams a , près de Sivas, a été, hier,
le t h é â t r e d ' un massacre d'Arméniens.,
par les Kurdes. Les détails manquent.
L'Affaire de Vaiu
T i f l i s ,
20
s e p t emb r e .
Apprenant la p r é s enc e des r é v o l u –
tionnaires a r mé n i e n s dans l'île d ' Ag h -
tamar, les troupes turques a p p r o c h è r e n t
pour les bloquer, mais le bombarde–
ment des positions a r mé n i e n n e s fut
inutile c a r les Tu r c s furent b i en t ô t
forcés ^de s'éloigner sous la pluie des
balles r é v o l u t i o n n a i r e s . Le lendemain,
le bombardement fut r e nouv e l é , cette
fois sous le commandement du Ferik.-
pacha, mais les Tu r c s furent repoussés,
et, à la nuit t omban t e les r é vo l u t i on –
naires a r mé n i e n s se sont s auvé s dans
des. barques, en m ê m e temps que, sous
prétexte de rechercher les r é vo l u t i on –
naires, la gendarmerie turque opérait
de nombreuses perquisitions à Va n
m ê m e . Dans les quartiers a r mé n i e n s ,
plusieurs maisons ont été i nc end i é e s ,
vingt-cinq personnes t ué e s . L a popu–
lation a r m é n i e n n e , t e r r o r i s é e , a é t é
forcée de se réfugier dans les consulats
e u r o p é e n s , tandis que tout se fermait
dans la ville.
Dans les vilayets de Mo u s h et de
Sassoun, les réguliers de la police, sous
prétexte de chercher des armes, c om–
mettent toutes sortes d'horreurs et i n –
ventent des supplices sauvages.
Le d é s a r meme n t des A r mé n i e n s est
un signe sinistre. On sait que c'est le
p r é l ud e des grands massacres. L a
crainte des massacres s'accroît encore
en p r é s enc e de l'inertie des consuls eu–
r op é e n s dont l'attitude encourage les
Tu r c s dans la p e r p é t r a t i on de leurs
crimes contre les A r mé n i e n s . C'est
ainsi que le gouvernement turc, q u i en
avait été pr imi t i vemen t emp ê c h é par
les consuls, a pu achever la construc–
tion des casernes à Sassoun.
V a n , 1 7 / 3 0 a o û t 1 9 0 4 .
Après quelques importantes rencontres
que nos fédaïs ont eues sur le trajet de la
plaine de Moush à Vaspouragan, Antranik
ayant avec lui le prince Kévork Tchavouch
et Mourad arriva à Aghtamar avec
70
hom–
mes. Le gouvernement, renseigné sur la
présence d'Antranik à Aghtamar, cerne
l'île. Le blocus dura quelques jours jusqu'à
ce que le gouvernement, au moyen de
quelques centaines de soldats, avec deux
cuirassés, quelques frégates et des canons,
s'avança vers l'île et commença le bombar–
dement le
24
août, à
10
heures dumatin.
Antranik a fait planter sur les hauteurs
d'Aghtamar le drapeau rouge pour faire
voir à l'ennemi que le fédaï savait aussi
bien lutter contre leurs cuirassés que contre
leurs soldats sur terre. Sur une distance de
2,5
oo
pas nos fédaïs ont répondu à la ca–
nonnade nourrie des Turcs par une salve
de balles.
L'ennemi voyant qu'il n'atteignait pas
son but par ses canons fut obligé de battre
la retraite après une attaque qui a duré
deux heures, avec l'intention de tenter une
nouvelle attaque plus violente et mieux
préparée. Dans raprès-midi, ils ont sérié
sur les cuirassés un grand nombre de sacs
remplis de sable et, réfugiés derrière ces
positions, ils ont recommencé le bombar–
dement.
Nos fédaïs les ont repoussés encore une
fois. Cette fois-ci le combat dura jusqu'au
soir. A la tombée de la nuit, les nôtres em–
barqués sur de petits bateaux, atteignirent
les rives de Van où ils se réfugièrent.
Cette lutte que nos fédaïs ont menée
contre l'ennemi était glorieuse. L a victoire
était complète. Pendant toute une journée
de combat nous n'avons perdu qu'un fédaï
de
19
ans et nous avons eu seulement deux
blessés. L'ennemi a donné plus de
i 5
vic–
times. Le nombre d'obus lancés est de 36
ou
37.
Révork Tchavouch avec sa bande partit
ailleurs, quant à Antranik i l se trouve à
Fonds A.R.A.M