l'enfant ne peut apprendre à marcher si vous l u i
liez les jambes.
Carlo Monticclli se demande ce que font
les puissances et i l se reporte aux autres
peuples opprimés, à la Finlande, aux socia–
listes russes qui peuplent les bagnes russes,
en attendant la mort, au prolétariat italien
tenu dans l'ignorance et dans la misère :
A u x v i c t i m e s des T u r c s vont notre salut et nos
s ymp a t h i e s et n o s protestations contre leurs o p –
presseurs ;• mais nous n ' o u b l i o n s pas l a F i n l a n d e
ni les autres v i c t i m e s d u t z a r i s me ; nous n ' o u b l i o n s
pas C e r i g n o l a et T o r r e A n n u n z i a t a et nous embras–
sons dans u n e c o m m u n i o n affectueuse tous les
o p p r i m é s de la terre.
(
Applaudissements
longs et
répétés).
Le dernier discours est prononcé par
l'honorable député CARLO DEL BALZO, avec
la verve et l'esprit coutumiers à l'orateur,
qui évoque d'abord la belle figure de Scan-
derberg, se dressant avec les Albanais
contre l'invasion turque :
Le g é n é r a l De G i o r g i s , chef de la g e n d a r m e r i e
turque à S a l o n i q u e , ne r é u s s i r a pas à m a i n t e n i r l a
discipline dans u n corrps de soldats q u i massacrent
des femmes et des enfants. L e s K u r d e s ne sont q u e
les mandataires des a t r o c i t é s q u i s'accomplissent
en A r m é n i e , les T u r c s les mandants, les Etats e u –
r o p é e n s les c o m p l i c e s . 11 n'est g u è r e possible d'at–
tendre une r é c i p i s c e n c e des puissances e u r o p é e n n e s :
elles o n t r e ç u une forte i n o c u l a t i o n d ' o p i u m et
elles d o r m e n t . 11 dort, le g o u v e r n e m e n t russe, oc–
c u p é seulement de l a guerre japonaise et de s o n
m o u v e m e n t r é v o l u t i o n n a i r e ; i l dort, le gouverne–
ment a l l e m a n d et ne pense q u ' à r e v e n d i q u e r l'an–
neau d u N i b e l u n g ; i l dort, le g o u v e r n e m e n t italien
o c c u p é à t r o u v e r a u x C h a r t r e u x u n b o n logis.
M a i s si les g o u v e r n e m e n t s d o r m e n t les peuples
ne d o i v e n t pas d o r m i r et R o m e r e s s u s c i t é e d e u x
fois de ses r u i n e s parlera et protestera a u n o m de
la l i b e r t é contre l a T u r q u i e , contre l a R u s s i e , con–
tre l a p a p a u t é , q u i offensent la d i g n i t é h u m a i n e .
(
Longs applaudissements
répétés et
enthousiastes).
Le professeur SERGI lit alors l'ordre du
jour suivant :
Le peuple de Rome réuni en comice so–
lennel ;
Considérant les engagementspris maintes
Jois par la Turquie envers l'Europe el par
celle-ci envers les populations opprimées ;
Considérant les dangers que ferait cou–
rir à la paix une nouvelle insurrection en
Macédoine et de nouveaux massacres en
Arménie ;
Proteste contre la férocité de la solda–
tesque turque en Arménie ;
Réclame l'exécution des traités,
spécia–
lement du traité de Berlin (i8y8), l'appli–
cation des réformes el l'institution du con–
trôle européen sans lequel toute améliora–
tion prétendue n'est qu'une fiction et une
duperie ;
Exprime enfin le vœu que l'action con–
cordante des gouvernements civilisés fasse
cesser une barbarie sanglante et homicide
qui ne peut être tolérée en aucun pays el
sous aucun motif.
L'avocat PAGLIARO, observe que surtout
après les discours de Del Balzo et de Monti-
celli qui ont donné au Comice un caractère
de revendication des droits de tous les
opprimés et de méfiance envers tous les
gouvernements, i l est bon que l'ordre du
jour ne soit pas seulement un appel à la
confiance envers les gouvernements pour
faire appliquer le traité de Berlin, mais une
solennelle protestation contre leur attitude
passive et déplorable. On ajoute alors à
l'ordre du jour :
Et proteste contre l'inertie et la compli–
cité des gouvernements civilisés.
L'ordre du jour est adopté à l'unanimité
et le professeur Sergi, après s'être félicité
du résultat du Comice et avoir envoyé un
salut à la Finlande, lève la séance au milieu
d'un grand enthousiasme.
Le Comice de Palerme.
Le 12 juin a eu lieu à Palerme, au
Poli–
leama
de Palerme, un imposant comice.
Au fond de la scène étaient rangées toutes
les associations avec leurs drapeaux.
Etaient représentées toutes les Sociétés
d'art et métiers et les ligues ouvrières. Le
théâtre était bondé. Le meeting fut inau–
guré au son de
YHymne de Garibaldi
et de
la
Marseillaise.
Présidait le commandeur La Manna qui
lit un discours très applaudi et, emprun–
tant des passages à la relation du vice-consul
anglais, M . Fitz Maurice fit le récit des
massacres d'Arménie, en
1894-1896.
Continuant son discours, M . L a Manna
ajouta :
«
La paix européenne est encore une fois
menacée. Le sultan veut se débarrasser des
Macédoniens comme i l fit pour les Armé–
niens, et à la Macédoine on prépare le
même sort que l'Europe criminelle et im–
prudente toléra pour l'Arménie : la levée
en masse des assassins.
Nous ne voulons pas une politique de
guerres religieuses ; le czar vaut le pape.
Nous ne voulons pas l'humiliation de la
Turquie. Ce que nous voulons, ce que
nous avons le droit d'exiger, ce que l ' Eu –
rope a le droit et le devoir d'imposer, c'est
que le gouvernement turc accorde, assure
et maintienne à ses peuples de toutes les
races et de toutes les religions les garanties
élémentaires de la conscience, de la liberté
et de la dignité humaine. »
Ces paroles furent accueillies par des
applaudissements enthousiastes et par des
cris : A bas la Turquie ! A bas les assassins !
A M . La Manna succéda M . Renan, an–
cien officier turc condamné à l'exil, après
dégradation, pour ne pas avoir voulu pren–
dre part aux massacres contre les Armé–
niens et les Macédoniens.
Kenan prononça quelques mots fort
applaudis et fit des vœux pour que bientôt
se lève en Turquie une aube de civilisation
et de liberté !
L a foule lui fit une ovation aux cris de :
A bas la Turquie !
Plusieurs autres discours furent pronon–
cés par divers orateurs, notammentparl'avo-
cat Alessi, au nom des socialistes. L'ordre
du jour déjà voté auxmeetings de Paris et
de Milan et invitant les gouvernements de
l'Europe à imposer à la Turquie le respect
des articles
29
et
61
du traité de Berlin, fut
approuvé par acclamation.
A la Chambre des députés italienne,
M . Gaetani di Laurenzana interroge
(
i5 juin 1904) le ministre des affaires étran–
gères sur les massacres d'Arménie, et
M . Del Balzo l'interroge sur les dangers
d'une nouvelle insurrection en Macédoine.
Fusinato.
sous-secrétaire aux Affaires
étrangères, affirme qu'il manque de nou–
velles officielles, mais que le gouvernement
italien exerce dans ces régions une politique
pacificatrice ; les consuls italiens ayant des
entretiens fréquents avec la diplomatie
turque.
Del Balzo
n'est pas satifait des paroles du
vice-ministre. Il s'étonne de la négligence
du ministère et de son absence absolue de
préoccupations.
En Arménie, dit-il, on médite et on ac–
complit de nouveaux assassinats, stupres
de femmes et d'enfants.
Pourquoi payons-nous notre diplomatie?
Peut-être nos consuls, entre une cigarette
et un moka, causent-ils amicalement avec
les représentants du sultan, pendant qu'en
Arménie on égorge et on tue.
Fusinato
promet d'intervenir le cas
échéant.
Gaetani
et
Del Balzo
ne sont pas satis–
faits des déclarations et des promesses du
sous-secrétaire d'Etat.
Autres Comices.
Le 26 juin un comice a eu lieu également
à Tu r i n , sous les auspices d'un Comité pré–
sidé par M . T . Barberis, président,
A.U.T.
et où figurait le recteur de l'Université, les
députés Morgari et Rebaudengo ; B. Foa,
conseiller municipal; les professeurs Mosca
et Trojano ; les présidents de l'Association
Chrétienne de la jeunesse et du cercle Saint-
Pierre et Saint-Paul.
Orateurs: M M . Barberis, l'avocat Bollatti,
l'ouvrier typographe Bottini, l'avocat Gor-
rini, le docteur en théologie Longo, le
député Morgari.
Le même jour, des comices ont été tenus
à Sieime et à Messine.
Le
29,
un concile a été tenu à Florence.
Orateurs : le professeur Guido Mazzoni,
Fonds A.R.A.M