q u i t t é son poste sans autorisation, et, ma l –
g r é les avertissements à l u i faits, i l a con–
trevenu aux ordres du gouvernement i m –
p é r i a l , n ' é t a n t pas revenu dans le délai
prescrit. 11 est a c c u s é comme c r i m i n e l , et
sera j u g é devant l a c o u r criminelle de
Constantinople. Toutes les a u t o r i t é s p o l i –
c i è r e s o n l l'ordre de l ' a r r ê t e r et de l ' é c r o u e r
à la prison du tribunal.
U n mandat d ' a r r ê t a é t é l a n c é par l a
C o u r d'appel de Constantinople contre le
n o mm é C h é k i b , q u i est en fuite en Eu r op e
o ù , de concert avec d'autres perturbateurs,
i l publie un j o u r n a l
Inlibah
(
Réveil) q u i
renferme des publications subversives et
hostiles sous l a signature de R é f a ï z a d é
C h é k i b . I l est a c c u s é comme c r i m i n e l et
sera j u g é devant la C o u r criminelle. To u s
les agents policiers ont l'ordre de l ' a r r ê t e r
partout o ù ils le verront, et de l ' é c r o u e r à
la prison d u t r i b u n a l du l i e u .
Mais les juges de S. M . I. savent au
besoin distinguer les personnes q u i fei–
gnent de se joindre aux perturbateurs pou r
mi e ux saisir leurs secrets et les d é n o n c e r
ensuite à l'Auguste Ma î t r e . C'est ainsi
qu'on lit dans l'organe officiel du m i n i s t è r e
de la justice :
'
Le n o m m é H i k m e t z a d é Ibrahim H a k k i bey était
accusé pour sa fuite à Manchester et ses publications
.
séditieuses, ainsi que pour s'être concerté avec d'autres
perturbateurs. D e r n i è r e m e n t u n n u m é r o de son jour–
nal
Sadakat
étant t o m b é dans nos mains, nous avons
pu nous rendre compte qu'il s'est toujours t r o u v é
lidèle à Sa Majesté le Sultan ses publications sévères
contre les perturbateurs et les criminels. P a r consé–
quent, l a Cour criminelle a décidé son acquittement
par défaut à l'unanimité.
D'autre part, des F r a n ç a i s notables
ayant eu l'imprudence de se faire recevoir
par la Bê t e a p r è s le S é l am l i k , ont é t é
a u s s i t ô t c o n d a m n é s à des d é c o r a t i o n s d i –
versement infamantes suivant leur r a n g
h i é r a r c h i q u e : M . C h a u m i é , ministre de
l'Instruction publique, s'est v u infliger l a
p r e m i è r e classe de l ' O s m a n i é ; M . Roujon,
directeur des Beaux-Arts, M . Demonzie,
M . C h a u m i é fils, ont r e ç u des classes
moins importantes. Les touristes inconsi–
d é r é s ont é t é en outre c o n d a m n é s à une
insertion dans tous les j o u r n a u x turcs et
dans l a plupart des j o u r n a u x f r a n ç a i s et
é t r a n g e r s . No u s leur exprimons nos con–
d o l é a n c e s .
P . Q .
LIRE :
L'EUROPÉEN
Courrier International Hebdomadaire
POLITIQUE, DROIT INTERNATIONAL
QUESTIONS
SOCIALES,
LITTÉRATURES, A R T .
Direction: C h . S E I G - I V O B O S
(
Paris)
R é d a c t e u r en chef : A . F E R D I N A N D
I I E R O L D .
24,
rue Dauphine, P AR I S
(
vt)
Articles de M M . F r é d é r i c P A S S Y . Francis de P R E S S E N S É
John.-M. R O B E R T S O N . D
r
M . K R O N E N B E R G , A . A U L A R D
Marcel C O L L I È R E , Xavier de R I C A R D , Raoul A L L I E R .
A n d r é FONTAINAS, Pierre Q U I L L A R D , Georges EEKIIOUD.
DOC UME N T S
Le Rapport de Djavid bey sur l'Ilbanie
et la Mace'doine
Djavid bey, fils du feu gr and v i z i r
Halil-Rifaat Pa cha , fut l'un des favoris
d ' Abd - u l -Hami d . Il fut, dit-on, pendant
vingt-quatre heures préfet de la ville
et grand vizir. Ma i s le sultan ne donna
pas suite à son i dée p r em i è r e . Dj av i d
bey fut a s s a s s i n é par un Al b a n a i s , son
p è r e é t a n t encore grand v i z i r . On sait
qu ' Hami d ne montra aucun dé s i r de
punir l'assassin et que celui-ci, au con–
traire, est r e n t r é c h a r g é d'or dans ses
montagnes natales. Nous empruntons
à
l'Albanie,
de Ge n è v e , un important
rapport confidentiel a d r e s s é par Dj a –
vid bey à son auguste ma î t r e , en 1898.
Je me permets de d é p o s e r au pied du
T r ô n e de mon Auguste Souverain la traduc–
tion lidèle d'un article paru le 15 du mois de
novembre (n. s.) dans un des plus impor–
tants journaux de France,
Le Temps,
sur la
question importante de la Macédoine. Comme
le correspondant de cette feuille, à Constan-
linople, est l'interprète fidèle des idées de
son Ambassade, ayant des relations secrètes
avec elle, i l faut donc c o n s i d é r e r cet article
comme éma n a n t de l'ambassade de France
elle-même et, par c o n s é q u e n t , le prendre en
très sérieuse c o n s i d é r a t i o n par Votre Ma–
jesté. J'avais déjà, depuis plus de deux ans
et à plusieurs reprises attiré l'attention de
Votre Majesté sur ces dangers qui surgissent
et é n umé r é s aujourd'hui dans l'article du
Temps
sur cette question ma c é d o n i e n n e .
Surtout dans le dernier rapport que j'eus
l'honneur de l u i soumettre, j e faisais hum–
blement remarquer à Sa Majesté qu'une très
grande catastrophe était p r é p a r é e et prête à
fondre sur la Macédoine. Et, par la même
occasion, je disais à mon Auguste Souverain
tout ce qu'il fallait faire pour éviter ces pé–
rils et malheurs, sans crainte, d'une ma n i è r e
claire, explicite et assez suffisante pour exci–
ter la pitié d'un c œu r aimant et compatis–
sant aux dangers de son pays et de sa
nation.
Sur ces entrefaites, les divers rapports de
Hafiz Pacha,
gouverneur général de Ko s -
sova, relatant les préparatifs militaires faits
par les Bulgares et les Serbes pour envahir
la'Macédoine, ont confirmé mes divers rap–
ports p r é c é d emme n t fournis à ce sujet.
Quelques jours après ma dernière lettre à
Votre Majesté, L o r d Salisbury disait à notre
ambassadeur à Londres, Costaki Antho-
poulos Pacha, « qu'il fallait faire dès à pré–
sent les réformes nécessaires en Macédoine,
car i l était probable qu'au commencement
du printemps i l y aurait une insurrection qui
pourrait faire surgir l a question de l'unité
slave, dont le résultat serait peut-être le par–
tage de l'Empire ottoman ».
Mon père, dans ses différents rapports à
Votre Majesté, lui a soumis aussi les con–
seils suggestifs de l'ambassadeur d'Atitriche-
llongrie à Son Excellence
Tewfik Pacha,
mi–
nistre des Affaires é t r a n g è r e s , qui, tout en
mentionnant les relations politiques ami–
cales du gouvernement d'Autriche-Ilongrie
envers le gouvernement impérial ottoman,
a aussi ajouté que le désir du gouvernement
russe était sa d é c a d e n c e hâtive. Et pour
pouvoir y réussir, la part que le gouverne–
ment russe prendrait à exciter les Grecs,
Serbes et Bulgares pour envahir l a Macé–
doine au d é b u t du printemps, et y faire
éclater une insurrection. A u cas où ces na–
tions ne pourraient pas s'entendre pour le
partage, on tâcherait d'y former une auto–
nomie comme en Crête, et cela par l'inter–
médiaire du gouvernement russe a u p r è s des
cabinets e u r o p é e n s ; de cette ma n i è r e arra–
cher des mains du gouvernement impérial
ottoman toute l a Turquie d'Europe. Mais
le gouvernement austro-hongrois est aussi
c omp o s é comme l a Turquie de différentes
nationalités, i l est tout autant contre les
i n t é r ê t s de l'Autriche-Hongrie que contre
ceux du gouvernement impérial ottoman,
que l a Macédoine soit constituée en auto–
nomie ou bien p a r t a g é e entre les Grecs, les
Serbes et les Bulgares, ce qui pourrait trou–
bler l'équilibre de la p é n i n s u l e des Balkans.
11
y a deux ans, à la r é u n i o n diplomatique
qui eut lieu, la question de l'autonomie de
la Macédoine é t a n t s é r i e u s eme n t soulevée
parles ambassadeurs de Bussie et de France,
personne, parmi les autres ambassadeurs,
m ê m e celui d'Allemagne ne pouvant défendre
notre cause, i l n'y eût que l'ambassadeur
d'Autriche-Hongrie pour protester énergi-
quement contre cette idé'e, se basant sur
l'amitié de son gouvernement envers celui
de l'Empire ottoman, attendu qu'il était de
l'intérêt même absolu de son gouvernement
de maintenir le
slalu quo
dans la péninsule
des Balkans ; de telle sorte que les autres
ambassadeurs l'accusèrent de plaider l a
cause de l a Turquie. Malgré cela, sans se
d é c o u r a g e r , i l a maintenu sa défense et a
réussi à faire retarder celte question, à
cause de l a déclaration de la guerre g r é c o -
turque ; mais, actuellement, la Turquie
ayant perdu l a Crète, et les é v é n eme n t s
politiques ayant pris une mauvaise tournure
pour elle, i l est certain qu'au printemps
éclatera en Macédoine une insurrection qui
e n t r a î n e r a la perte de ce territoire pour la
nation ottomane et, ainsi, la Turquie d'Eu–
rope serait réduite au vilayet d'Andrinople.
D'un autre côté les rapports p r é s e n t é s par
le gouverneur g é n é r a l de Kossova Hafiz Pa–
cha, et par le g é n é r a l de division à Kossova
S a a d é d d i n e Pacha au sujet des réformes à
faire, a p r è s leur prise en c o n s i d é r a t i o n , leur
sérieuse discussion, modification et c omp l é –
ments par le conseil spécial, ayant été sou–
mis à la sanction de Votre Majesté ; i l nous
a été douloureux de voir que, j u s q u ' à ce
jour, l'Iradé concernant le changement de
notre r é g ime administratif, néfaste et cause
de l a ruine de l'Empire Ottoman, n'a pa
encore abouti.
[
A suivre).
Le Secrétaire-Gérant
:
J E AN LONGUET.
Fonds A.R.A.M