LA TURQUIE NOUVEL LE E T L*ANCIEN REGIME
probes ; ils ne veulent plus qu'on l a donne, pour récom–
penser des vilenies ou des crimes et qu'on la livre,
contre leurs propres intérêts, à des étrangers qui, parfois,
étaient aussi des ennemis
K
Voilà toute leur xénophobie.
Qui pourrait la leur reprocher?
Quiconque a vu , sous l'ancien régime, les habitants des
villes et les revoit aujourd'hui, éprouve quelque peine à les
reconnaître. Au lieu de cette rigidité des traits, de ces mines
impassibles, impénétrables, comme figées dans la méfiance
et meurtries par la douleur, ce ne sont que visages souriants,
épanouis, ouverts et confiants, heureux enfin de vivre libres
et d'avoir pu se débarrasser de cette chape de plomb qui,
dans
l'Enfer
de Dante, semble avoir été imaginée par le
poète pour figurer le fardeau pesant sous lequel les otto–
mans étaient jusqu'ici courbés.
C'est surtout au retour des exilés qu'on a pu cons–
tater la joie sincère, exubérante — j'oserais dire méridio–
nale — qui règne, enfin, dans tout l'empire libéré. On l'a
bien vu, à la rentrée du maréchal Fouad pacha, à celle du
patriarche des Arméniens, S. B . Mathéos I I I Izmirlian, à
toutes les arrivées des proscrits. Jamais elle ne s'est manifes–
tée plus splendidement que le 1
er
septembre 1908 dernier,
lorsque le prince M. Sabaheddine ramena le corps de son
père Damad Mahmoud pacha dans la patrie dont ils
1
II y aurait une étude spéciale à faire sur la
Turquie industrielle et
commerciale ;
nous nous contenterons de renvoyer, pour les plus
récents travaux, au chapitre portant ce titre, de l'ouvrage de M. P a u l
Fesch, pp. 513 à 563, et encore à
La Turquie économique,
par M. G .
Caries (Paris, in-18, 1906), à
France et Turquie,
par M Alfred
Durand (Paris, in-18, 1906), et à la
Carie administrative, économique
et consulaire,
du même auteur, Paris, 1908 : au
Rapport sur les rela–
tions commerciales entre la France et la Turquie,
par M. Paul Fesch
(
Bulletin de la Fédération des Industriels et commerçant* français,
décembre 1908, pp. 79-87).
Fonds A.R.A.M