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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N
R E G I M E
Personne n'a été plus frappé de cette nécessité gouverne–
mentale que le prince Sabahaddine, lorsqu'il a fondé, à
Paris, en vue du présent et aussi de l'avenir, sa
Ligue de
décentralisation administrative et d'initiative privée.
Oubliant apparemment que l'article 108 de la Constitu–
tion d i t expressément : «
Uadministration des provinces
aura pour base le principe de la décentralisation..
. »
quel–
ques personnes ont voulu ne pas comprendre ce programme;
elles ont même été jusqu'à dire que cette décentrali–
sation provinciale, cette décentralisation admi n i s t ra t i ve
1
(
préconisée par le prince Sabaheddine, avec une l um i –
neuse compréhension des nécessités politiques, — que
dis-je ? avec le bon sens le plus élémentaire, qui est souvent le
sens politique le meilleur) — pourrait être une atteinte
portée aux institutions monarchiques, au pouvoir central,
national, unique; comme si, dans tous ses écrits, depuis
neuf ans, le prince n'avait pas invariablement blâmé toute
tentative de séparatisme, d'autonomie et de fédéralisme dans
l'empire turc ; comme s'il n'avait pas condamné tout chan–
gement en l'ordre politique établi, tout changement en
l'ordre de succession prévu des héritiers au trône d'Osman
2
!
1
L e
Mechveret,
d'Ahmed-Riza bey (numéro du 1
er
janvier 1906),
publiant le
Programme de la Jeune Turquie,
où, sous la devise :
Ordre et
Progrès,
on répudiait « tous les moyens violents » pour obtenir les
réformes et l a Constitution, inscrit aussi, parmi ses desiderata,» la
décentralisation administrative ». Que penser, après cela, de ces
interview et de ces manifestes de l'Union Progrès, comme celui
publié par le
Chouraî-Ummet
(
V.
La Turquie
du 19 février), affectant,
malgré tout, de confondre « Décentralisation » avec « autonomie des
vilayets ? » II n'y a pires sourds que
ceux qui ne veulent
pas entendre.
*
L e prince, protestant contre une fausse nouvelle publiée, écrivait
(
sa lettre a été publiée dans le
Gil-Blas
du 17 octobre 1906) : « I l ne
«
m'est pas possible d'accepter, sans protester, le rôle que vous me
«
prêtez... Je ne suis nullement prétendant au Trône. J e travaille
«
uniquement au relèvement de mon pays, en contribuant à y déve-
«
lopper l'essor des idées favorables à l a cause du progrès et de la
t c i v i l i s a t i o n . . . inséparable de celle de l'héritier légitime de l'empire,
< le prince Mohamed R e c h a d . . . i
Fonds A.R.A.M