LES TURCS ONT PASSÉ LA..
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redouter. De cette façon, ces pauvres gens sont ainsi
tombés dans le piège sans même essayer de se dé–
fendre, et ont eu à subir de la part des assassins des
tortures inouïes. Voici quelques détails brièvement
rapportés :
Le chef des tortionnaires, un certain Abdul-Àzim,
de la police à cheval, voulait tirer vengeance de la
mort de l'un des siens, survenue aux massacres
d'Adana. C'est pourquoi il était venu du côté de Tar-
sous, à la tête d'une forte bande de brigands et de
pillards, pour y assouvir ses sentiments brutaux.
Une partie des habitants avait pu se réfugier dans
un petit village turc, Boudjak; le chef de ce village,
croyant remplir un devoir religieux, les exhorta à se
convertir à la religion musulmane, pour avoir la vie
sauve ; mais les renégats devaient changer leur pré–
nom chrétien en un nom quelconque turc, et mettre,
comme signe de reconnaissance, un linge blanc
autour de la tête. De plus, i l leur intima l'ordre de
quitter de suite le village, disant qu'il ne pourrait
garantir leurs vies. 11 les jeta ainsi dans la campagne,
à la merci de la populace qui les guettait.
Parmi les fuyards se trouvait, une jeune et belle
arménienne nommée Merzouhi, ainsi que son mari.
Tous ces pauvres gens, au nombre d'une soixantaine,
furent cernés par la populace aux environs du village
turc de Yanik-Kichla. Les femmes et les filles armé–
niennes furent placées à califourchon sur des mulets ;
et tout en marchant, les tueurs faisaient déjà leur
choix. « Mehmed Agha n'a pas d'enfants, donnons
lui cette fille. Cette autre sera à moi ; je ne la donne
à personne, je l'épouserai », disait l'un. « Cette belle
femme me fait envie, disait l'autre; si le chef du
Fonds A.R.A.M