LES TURCS ONT PASSÉ LA.
61
Les notables arméniens s'adressent au substitut du
caïmacam qui les chasse, les accusant de vouloir
attaquer le gouvernorat ou la mosquée ; en apprenant
que Torosse était conseiller de leur démarche, i l le
fait emprisonner et fustiger. Mais Torosse oubliant
les douleurs du fouet, réussit à s'évader de la prison.
Il met la main sur un fusil Martiny et conseille derechef
aux arméniens de quitter leurs meubles et maisons et
de se réfugier dans des endroits sûrs, jusqu'à ce que
la tempête se calme. Les arméniens, sous sa direc–
tion se retirent dans l'école et dans quelques autres
constructions en pierres, démolissent les bâtisses en
bois et s'y fortifient (environ 800 familles, dont
600
venues des villages voisins). Les négociants armé–
niens de la place y cumulent des vivres et du pain.
Les réfugiés étaient au nombre de 4.000 environ ;
mais ils ne possédaient que 26 fusils Martiny et des
fusils de vieux système ou de chasse, avec 4 boîtes
contenant de la poudre, et l'on décide de charger
les Martiny vides avec du plomb et de la poudre.
Quand la populace musulmane arriva armée devant
le village, le substitut du caïmacam et l'officier
s'adressant à elle, lui conseillent de revenir le lende->
main vendredi en plus grand nombre. La populace se
retire. Les arméniens voyant cela et calculant l'énor-
mité du danger pour eux, sortent immédiatement de
leurs cachettes et bouchent l'entrée de toutes les rues
aboutissant au village, en y élevant des murs épais.
Ils détruisent tout ce qui est combustible, pour qu'on
ne puisse pas les entourer de feu et deflammescomme
les pauvres habitants d'Adana.
Djine Torosse qui avait pris le commandement de
cette population désespérée, leur ordonne de ne pas
Fonds A.R.A.M