L E S TURCS ONT PASSÉ L A . .
23
s'en occupa par dévouement pour venir en aide à ces
malheureux, il les casa provisoirement chez les frères
Tripani et chez les fabricants allemands à l'extrémité
de la ville.
Actuellement 25.000 personnes sont sans abri ;
l'insécurité est complète, quoique les soldats venus
de Salonique aient inspiré un peu de confiance. — La
situation est intolérable. — Arrivez au secours !
Comme je vous le disais la population campe en
dehors de la ville, le gouverneur l'oblige à y entrer,
malheureusement on n'est pas sûr de l'état des choses.
—
Les arméniens qui se promènent seuls sont mo–
lestés. Hier le gouverneur et le conseiller militaire
ont engagé ceux qui avaient des vignobles à y
retourner sans plus de retard. Un arménien a eu
l'audace de leur faire observer que l'insécurité régnait
dehors et qu'hier même quand on allait aux vignes,
on a assassiné son camarade et que lui-même l'a
échappé belle. Le commandant lui a crié à la face :
«
Tais-toi imbécile, pareille chose ne peut arriver,
la sécurité est rétablie ».
Le plus grand coupable des massacres dAdana est ce
commandant ; i l paraît que c'est lui-même qui avait
organisé aussi ceux de Marache, 13 ans auparavant.
Les autorités font des efforts depuis hier pour
ramasser les meubles et objets pillés. Nous avons
assisté à une scène amusante dans le quartier Yéni-
Mahallé, qui met à nu les raisons des massacres
d'Adana. — On a fait des recherches dans la maison
d'un certain
hodja
(
lettré) Cheïkh Ali ; l'officier chargé
de cette mission a dû fouiller la terre. Ou y a trouvé
beaucoup de marchandises pillées. L'officier se
retournant vers le hodja lui a fait de» remontrances
Fonds A.R.A.M