L E S TURCS ONT PASSÉ L A . .
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s'en occupa par dévouement pour venir en aide à ces
malheureux, il les casa provisoirement chez les frères
Tripani et chez les fabricants allemands à l'extrémité
de la ville.
Actuellement 25.000 personnes sont sans abri ;
l'insécurité est complète, quoique les soldats venus
de Salonique aient inspiré un peu de confiance. — La
situation est intolérable. — Arrivez au secours !
Comme je vous le disais la population campe en
dehors de la ville, le gouverneur l'oblige à y entrer,
malheureusement on n'est pas sûr de l'état des choses.
Les arméniens qui se promènent seuls sont mo–
lestés. Hier le gouverneur et le conseiller militaire
ont engagé ceux qui avaient des vignobles à y
retourner sans plus de retard. Un arménien a eu
l'audace de leur faire observer que l'insécurité régnait
dehors et qu'hier même quand on allait aux vignes,
on a assassiné son camarade et que lui-même l'a
échappé belle. Le commandant lui a crié à la face :
«
Tais-toi imbécile, pareille chose ne peut arriver,
la sécurité est rétablie ».
Le plus grand coupable des massacres dAdana est ce
commandant ; i l paraît que c'est lui-même qui avait
organisé aussi ceux de Marache, 13 ans auparavant.
Les autorités font des efforts depuis hier pour
ramasser les meubles et objets pillés. Nous avons
assisté à une scène amusante dans le quartier Yéni-
Mahallé, qui met à nu les raisons des massacres
d'Adana. — On a fait des recherches dans la maison
d'un certain
hodja
(
lettré) Cheïkh Ali ; l'officier chargé
de cette mission a dû fouiller la terre. Ou y a trouvé
beaucoup de marchandises pillées. L'officier se
retournant vers le hodja lui a fait de» remontrances
Fonds A.R.A.M