AUTRE REMARQUE
Jusqu'aujourd'hui les Turcs, vieux ou jeunes,
n'avaient pas voulu reconnaître, n i dans le fond
n i dans la forme, qu ' i l y avait une Arménie et
une question arménienne, tout comme i l y avait
une Macédoine et une question macédonienne.
Le mot <( Arménie » était banni de la Turquie.
Dans les stipulations internationales concernant
l'Arménie, les formules employées pour la dési–
gner étaient : « l'Anatolie orientale » (accord
russo-turc du
26
janvier-8 février
igili),
«
les
provinces habitées par les Arméniens (art.
61
du
Traité de Rerlin). C'est seulement dans la rédac–
tion p r imi t i v e de ce texte (l'article
16
du traité
de San-Stéfano) que le mot Arménie est écrit
en toutes lettres, pour disparaître finalement du
texte définitif
(1).
Au j o u r d ' hu i , les Turcs comprennent eux-mê–
mes qu ' i l serait ridicule de vouloir ignorer plus
longtemps q u ' i l existe une Arménie dont parle
(1)
Cette politique d'autruche, k s Turcs l'ont suivie es
tout et partout. Un exemple typique, tiré de nos souvenirs
d'écolier.
C'était en
1907,
l'Ecok' des Frères, à Trébizonde, avait
commandé des cartes géographiques à Paris, chez Taride.
Elles étaient arrivées depuis quinze jours en douane, mais
l'administration ne voulait pas les livrer sous divers pré–
textes. Enfin, en possession, quelle fut notre stupéfaction
de constater sur les cartes d'Afrique que la Tunisie et
l'Egypte étaient teintes en jaune, couleur de la métropole
turque, tandis qu'auparavant elles étaient rose et vert, cou–
leurs de la France et de l'Angleterre. C'est alors que nous
sûmes la vraie cause du retard dans la livraison.
Fonds A.R.A.M