Pierre
Quillard
quotidiens comme toujours et sous les yeux mêmes des
autorités. Une fois ce sont quatre cents moutons, une autre
fois une centaine de buffles qui sont emportés, les meur–
tres accompagnent les pillages.
Enûn Riza veut entrer dans la légalité, et cite le village
devant le tribunal du caza pour une soi-disant dette de
mille livres turques. Les faux documents et les faux témoi–
gnages l u i font gagner la cause sans que les juges puissent
le contredire.
Sur ce, quelques notables du village se sont rendus à
Bitlis pour trouver un remède ; mais Riza fait cerner le
village par ses hommes qui empêchent l'entrée et la
sortie de tous. Les soldats en garnison à Djerik, impuissants
devant les faits du major Riza, se sauvent eux aussi à Bitlis.
Des recours télégraphiques ont été faits à la Sublime
Porte, et au ministère de la justice et même au Sultan. .
Aucune disposition n'est venue encore pour soulager ces
misérables Arméniens, et pour mettre fin à une situation
si anormale et si illégale.
Telle était la situation vers le
10
juillet
,1901.
La seule chose à ajouter c'est que la situation de Djerik
n'est pas un fait extraordinaire. Tous les villages souffrent
des persécutions plus ou moins semblables.
Encore Riza agha n'est-il qu'un bandit de second
ordre ; i l en est de plus importants, comme Emin pacha
et Zafar bey, qui sévissent autour de Van et exercent
leurs ravages jusqu'en pays russe, à condition que, sur
les terres du tsar, ils ne chassent que l'Arménien. Un
des correspondants de
Pro Armenia
a pris soin d'éta–
blir la liste des villages et maisons détruits par ces
fidèles serviteurs du sultan :
L E T T R E D E S F R O N T I È R E S
T U R C O - P E R S A N E S
Mare 1901
Les destructeurs de VArménie.
Emin pacha est l'un des
chefs de la tribu des Hayderanli. I l a acquis une triste
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Fonds A.R.A.M