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° Installation d'émigrés sur les terres
arméniennes
Dans les régions où l'élément arménien, malgré
toutes les vexations, est capable de se défendre, de
résister et de survivre, le gouvernement turc installe des
émigrés musulmans, qui dépossèdent, de gré ou de force,
le premier occupant ; victimes eux-mêmes quelquefois
de promesses illusoires, les émigrés se vengent d'autant
plus volontiers sur le raïa des déceptions qu'ils
éprouvent.
Des Lezghis furent ainsi établis dans le vilayet
de Sivas, après avoir erré en divers endroits ; pen–
dant le voyage, ils avaient été gravement maltraités.
Le kaïmakam de Tchassa leur donna la forêt et le
pâturage appartenant au village arménien d'Alakilissé,
et quand les habitants spoliés vinrent réclamer leur
droit, i l leur répondit qu' « ils n'avaient qu'à s'en aller et
à prendre à leur tour les terres laissées vacantes par les
Lezghis ».
L'affaire de Nadjarli est plus significative encore ;
c'est un village de cent cinquante maisons, à douze
heures d'Adana et à six de Tchok Merzémen : en
1895-1896,
les gens de Nadjarli, seuls de tout le pays
environnant, opposèrent une résistance acharnée aux
troupes hamidiennes. Aussi voudrait-on les déloger. Au
début de l'année
1901
,-
plus de cinquante familles turques
arrivèrent de nuit à Nadjarli, avec des armes et
des chariots; elles campèrent dans les champs ense–
mencés et dès l'aube commencèrent à se construire des
maisons. Les Arméniens qui se hasardèrent à des
observations furent très mal reçus par les nouveaux
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Fonds A.R.A.M