POESIE ANTIQUE
ET
POPULAIRE
L'EXIL
Oiseau gris, d'où viens-tu, je m'attache à ta voix,
ô grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
Reste ! Tu rejoindras plus tard les autres ailes...
O grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
J'ai perdu tous mes biens et ma terre et mon toit,
je suis parti, je pleure et mon âme chancelle.
Arrête-toi. Je veux mourir avec ta voix...
O grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
A qui voudrait savoir, ne répondras-tu pas ?
Ta voix m'est douce comme un chant de cascatelle.
Tu voles vers Alep, tu voles vers Bagdad...
O grue, de mon pays n'as-tu pas de nouvelles ?
Tel fut notre destin, oui, nous sommes partis
et nous avons vécu la vie fausse et cruelle
sans partager le pain et le sel des amis.
O grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
Les choses d'ici-bas progressent lentement.
L'exil endeuille l'âme et mouille les prunelles.
La porte s'ouvrira, qui sait ? si Dieu l'entend...
O grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
Dieu, donne-moi miséricorde et compassion
Mes poumons et mon cœur portent des plaies mortelles
et mon pain est amer et souilée ma boisson
O grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
Le dimanche est pour moi pareil à chaque jour,
la broche me déchire et la flamme mortelle
me brûle mais j'attends à jamais mon amour...
O grue, de mon pays portes-tu des nouvelles ?
Fonds A.R.A.M