E T A T
E C O N O M I Q U E E T
F I N A N C I E R
i5!
aux quatre ou cinq livres qui resteraient dans notre poche que
nous aurions à penser ? Ne sait-on pas les souffrances et la détresse
au milieu desquelles vivent nos frères restés dans les pays que nous
avons perdus, ces vieux Ottomans abandonnés dans les contrées
envahies par l'ennemi ? Devant de tels malheurs, se laisser envahir
par la perspective d'une défaite éventuelle, et en présence d'une
probabilité si faible, si illogique, se préoccuper de quelques livres
en poche c'est, je crois, la plus grande trahison envers la patrie. »
E t la Chambre d'applaudir !
Mais le gouvernement a su obtenir de l'Allemagne un autre
avantage encore. I l a introduit dans la convention avec cette
puissance une clause d'après laquelle, au cas où la somme annuelle
de papier-monnaie à retirer de la circulation après la guerre serait
égale au chiffre des marchandises importées d'Allemagne en Tur–
quie, le gouvernement allemand est néanmoins tenu d'envoyer
à l'Empire ottoman une certaine somme en or.
Ainsi « supposons, par exemple, que la troisième année qui suivra la fin
des hostilités, année pendant laquelle une somme de 7 200 000 livres de
papier-monnaie devra être retirée de la circulation, nous importions d'Alle–
magne pour 7 200 000 livres de marchandises ; contre les 7 200 000 livres
de papier-monnaie qu'elle sera obligée de nous rembourser, nous lui devien–
drions redevables de 7 200000 livres de marchandises ; comme i l est naturel,
nos négociants, ramassant sur place 7 200 000 livres de papier-monnaie, les
enverraient aux négociants allemands pour les couvrir de leur crédit. De
la sorte, l'Allemagne aurait retiré de la circulation 7 200 000 livres de papier-
monnaie qu'elle aurait le droit de porter
à
la Dette Publique pour l'extinc–
tion de la dette afférente
à
l'année en cause ». Mais, en^vertu de la convention,
«
si nous faisons pour 7 200 000 livres de commerce avec l'Allemagne, le gou–
vernement allemand versera néanmoins
à
la Turquie 3 500 000 livres d'or,
à valoir sur les années suivantes. S i notre commerce avec l'Allemagne est-
inférieur
à
7 200 000
livres, la différence nous sera également versée en or.
Dans le cas où, par contre, notre commerce avec l'Allemagne s'élèverait
à
10
millions de livres, quoique l'Allemagne ne se soit engagée
à
retirer annuel–
lement de la circulation que 7 200 000 livres, elle a consenti
à
accepter la
différence de 2 800 000 livres en papier-monnaie au pair. »
«
De la sorte, l'éventualité a été conjurée de voir la valeur du
papier-monnaie ottoman tomber par rapport à la monnaie alle–
mande, dans le cas où, après la guerre, notre commerce avec
l'Allemagne atteindrait un chiffre élevé. Après la guerre, dans
quelque situation que nous nous trouvions, une livre turque devra
valoir 18 marcs 50 au minimum. L a valeur pourra en être supé–
rieure, mais jamais inférieure à ce taux. »
Reste encore la question de l'intérêt, qui, de l'avis du Ministre,
a été résolue à l'avantage de la Turquie. « L'argent que nous avons
reçu en marcs est productif d'intérêt à
6% .
..
Quant aux sommes
Fonds A.R.A.M