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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
des populations balkaniques sont nés de contestations locales
suscités soit par l'excès, soit par l'inégalité des charges pu–
bliques, soit par les violences dont elles étaient l'occasion.
Tels furent, entretenus d'ailleurs par de secrètes menées
étrangères, les principaux griefs qui armèrent les chrétiens
de l'Herzégovine au printemps de l'année 1875. L'étincelle
jaillit d'un conflit exclusivement fiscal entre plusieurs vil–
lages et l'autorité musulmane (1). Bientôt le mouvement
se propagea dans toute la contrée et prit les proportions
d'une guerre de race et de religion.
Dès les premiers moments le gouvernement turc, en
possession de rapports concordants venus tant de l'exté–
rieur que de différents points des provinces balkaniques,
avait compris tout le danger qui le menaçait et comme
suivant le propre aveu du Sultan, il manquait d'hommes
et d'argent, de pressantes démarches avaient été faites
auprès des cabinets étrangers et particulièrement auprès
de celui de Tienne pour qu'aucun secours du dehors ne
parvint aux insurgés et que la Servie et le Monténégro
observassent une attitude strictement pacifique.
Cependant il ne s'agissait pas seulement de circonscrire
et d'isoler l'incendie ; il était urgent de l'étouffer dans son
foyer et à cet effet l'Autriche-Hongne s'était entendue avec
l'Allemagne et la Bussie pour obtenir de la Porte
certains
changements immédiats dans son administration intérieur
Les trois cours du Nords s'étaient défendues en cette
circonstance de vouloir intervenir dans les affaires otto–
manes, n'ayant, avaient-elles affirmé, d'autre intention
que d'exercer une pression morale assez efficace pour dé-
(1)
V. p. 15 du
Livre jaune
de 1875. 1876-1877.
Fonds A.R.A.M