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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
alliées et la France surtout entendaient réclamer le prix
de leur concours en pratiquant à l'égard de la Porte un
système de surveillance aussi persistant contre ses ennemis
qu'inflexible contre elle-même.
Toute leur confiance reposait sur Ali-pacha et sur
Fuad-pacha qu'une heureuse fortune avait maintenus aux
affaires, mais qui, on se le disait alors, ne dominaient plus
la situation comme au lendemain du traité de 1856.
Abdul-Aziz, plus violent que jamais dans ses écarts de
souverain absolu, semblait s'ingénier à contrecarrer leurs
desseins, comme s'il ne se souciait que de faire acte d'au–
torité, sans distinguer, pour ainsi dire, dans son ignorance
le bien du mal, sans apercevoir dans son horizon borné
l'écueil où devait se briser son obstination.
S'ils avaient à se défendre contre leur maître, les deux
ministres ne se sentaient point soutenus par l'opinion mu–
sulmane qui attribuait en partie à l'esprit de réforme les
embarras du trésor et les privations qu'en éprouvaient les
employés de l'État et les populations elles-mêmes.
Ajoutons que pour lutter contre ces difficultés, Ali et
Fuad avaient dû accepter la collaboration d'hommes qui
consentaient à rester momentanément inoffensifs pour
partager avec eux les honneurs du pouvoir, sauf à les pa–
ralyser dans leur action quotidienne. Quelques-uns de ces
faux frères avaient même pris dans le conseil une impor–
tance telle qu'une crise était jugée imminente.
Vers lafinde l'année 1867, Ali-pacha s'était rendu en
Crête pour préluder aux changements administratifs que
réclamait l'état de la province insulaire (1). Resté seul
(1)
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233.
Fonds A.R.A.M