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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
lesquels il partage le produit de leur rapine, lui a permis
jusqu'ici d'envoyer à Constantinople des états de situation
entachés de fraudes énormes. Les rations sont délivrées par
le gouvernement sur le pied de 33,000 hommes, tandis qu'il
n'en existe réellement que 17,500 sous les drapeaux. La
solde des Bachi-Bouzouks, en raison de l'irrégularité de ce
corps, est une source de larges profits pour le
Muchir
et
pour les chefs de ces bandes. Au lieu de 3,500 hommes por–
tés sur les contrôles, ces chefs n'en ont que 800 sous leurs
ordres. Le
Muchir ne
dédaigne pas les plus minces profits;
il a fait vendre ainsi les dépouilles de 12,000 soldats morts
dans les hôpitaux l'hiver dernier ; et comme les sommes
destinées à l'armée lui sont versées partie en argent partie
en papier, il garde l'argent et paye en papier qui perd
environ 20 0/0. »
«
Les généraux et les colonels trouvent d'autres moyens
de voler ; ils s'entendent avec les comptables pour toucher
en argent la valeur des rations de riz et de viande ou s'ils
sont obligés de les prendre en nature, ils les font vendre à
leur compte. Ils envoient des corvées couper les moissons
des environs, démolir des villages pour en retirer du bois
qui dans le pays a une grande valeur. Chacun s'ingénie de
son côté à se faire dans le pillage la part la plus large. »
J'abrège ces citations qui dévoilent toute la perversité de
l'administration turque et qui n'expliquent que trop les ir–
rémédiables défaites de Bayandouri, d'Akhaltzikh, de Basch-
Kadiklar et finalement la chute du principal boulevard de
l'Anatolie. Je conclue.
Le
Tanzimât
a réalisé un grand progrès dans la consti–
tution militaire ottomane. Le
Nizam-Djehid,
tel que l'avait
conçu Sélim III, tel que l'avait ébauché Mahmoud II,
Fonds A.R.A.M