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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
Non seulement il serait injuste de le prétendre, mais
l'impartialité commande de convenir que l'Empire ottoman
au milieu de difficultés intérieures sans cesse renaissantes,
a effectivement marché, à pas lents, il est vrai, et non sans
de fréquents reculs, vers cette civilisation des peuples chré–
tiens qu'il avait jusqu'alors repoussée. Y contredire serait
nier l'évidence.
Si le vieil ordre de choses n'a point disparu, il a reçu de
sérieuses atteintes. Certaines garanties ont été données,
certains droits ont été reconnus qui, à la longue, ont quel–
que peu adouci les mœurs musulmanes et contribué à
l'amélioration du sort des races opprimées. Je citais dans
les dernières pages de cet écrit le firman relatif aux attri–
butions des gouverneurs provinciaux ; l'on a vu avec
quels ménagements l'on rendait à ces fonctionnaires le
droit de vie et de mort, avec quelles précautions l'on re–
venait sur certaines prescriptions humanitaires antérieures
qui avaient enhardi le brigandage. A lire ce document si
curieux dans ses détails parfois puérils, l'on croirait qu'un
siècle sépare l'année 1852 des premiers temps du règne de
Mahmoud.
En 1852, le souvenir est encore présent des exécutions
clandestines d'Izzet-Mollah, le père du ministre des affaires
étrangères ; de Vassaf-Effendi, le père du délégué turc à
Jérusalem; de Pertev-pacha, le protecteur deReschid. Ces
actes que ne réprouvait point autrefois la conscience publi–
que, sont considérés désormais comme des méfaits qui ne
peuvent plus se produire.
Il n'y a pas eu une seule confiscation depuis le Hatti
Chérif de 1839. Si, dans des cas devenus de plus en plus
rares, la torture a été appliquée, les coupables ont été punis,
Fonds A.R.A.M