C'est alors qu'on eut recours au 3
l
bataillon arménien qui était resté
à Chypre, où i l avait parfait son instruction militaire et qui, appe l é
d'urgence, débarqua à Beyrouth, où sa belle tenue fit une excellente
impression.
Malheureusement, il semble qu ' à ce moment un esprit anti-arménien
prît naissance dans le D. F. P. S., esprit né surtout chez les officiers
des deux bataillons de tirailleurs qiu paraissaient se faire un devoir
de dénigrer constamment, en tout et pour
tout, leurs
camarades de
la Légion et la troupe arménienne. C'était la manifestation d'un esprit
de corps radicalement faussé et qui aboutit à des conséquences que
l'on aura peine à croire. Si cette attitude a pu servir quelques indivi –
dualités, elle n'a certainement pas servi la France en Orient.
L'affaire du 18 novembre, où la populace, les gendarmes locaux, des
soldats du chérif attaquèrent sans motif, en pleine place de l'Union,
les légionnaires arméniens en permission de la soirée et dont on voulut,
malgré l'énergique réclamation de M. le commandant Cotté (1), faire
grief aux Arméniens, est un des exemples les plus frappants de cet
état d'esprit.
Quoi qu'il en soit, l'armistice venant d'être signé, le commandant
décida l'occupation d'Alexandrette où, après avoir envoyé une compa–
gnie de tirailleurs, i l envoya le I
e
?"
bataillon, commandé par le capitaine
Rubin en l'absence du commandant Jolly. Le capitaine Mathiet, des
tirailleurs, commandant d'armes à Alexandrette, adopta à l'égard du
bataillon arménien une attitude qui ne peut être qualifiée que de t rès
violemment hostile; les dépêches où i l se permettait d'apprécier cette
unité seront pour tout militaire un sujet d'étonnement.
LE 4
E
BATAILLON
Dès l'arrivée de la Légion d'Orient à Beyrouth, de nombreuses
demandes d'Arméniens, désirant s'engager, affluèrent.
Il y avait notamment à Damas près d'un millier de volontaires, la
plupart ayant servi dans l'armée turque et comprenant une quaran–
taine d'officiers qui demandaient très instamment leur incorporation.
I l y fut fait droit et, en deux groupes, huit cents d'entre eux environ
furent amenés
à pied de Damas à Beyrouth;
encadrés par des éléments
des trois bataillons, ils constituèrent le 4
e
bataillon.
Ce-ne fut qu ' après trois semaines environ que les recrues du
4
e
bataillon purent être habillées. Le manque d'effets obligea à les
garder pendant ce délai telles qu'elles étaient venues, chose très regret–
table sans doute au point de vue matériel et surtout moral, mais qui
(1)
Le commandant Cotté est un officier supérieur de grand mérite qui a parfait
l'éducation militaire du 3e bataillon en quatre mois et qui a su capter la confiance
inaltérable et entière de ses hommes.
Fonds A.R.A.M