Entre temps, l'Union Nationale Arménienne d'Egypte avait orga–
nisé au Caire une maison de convalescence pour les légionnaires
arméniens malades ou blessés sortant d'hôpital.
LA LEG I ON D ' OR I ENT EN L I GNE
C'est le 30 août 1918 que les unités du détachement français de
Palestine entrèrent en ligne; le secteur dévolu à la Légion d'Orient fut
le secteur de Rafat, en face d'une position turque extrêmement forte,
l'Arara, qui était en même temps un observatoire d'artillerie de premier
ordre. L'Arara était occupé par les 701
e
et 702° bataillons allemands.
Malgré les difficultés de ravitaillement, notamment en eau, malgré
le caractère extrêmement malsain du secteur (la 2
e
compagnie, qui
tenait le village de Rafat, vit en quelques jours presque tout son cadre
français évacué), les soldats arméniens firent admirablement leur
devoir, multipliant les patrouilles et rapportant de nombreux et pré–
cieux renseignements.
Lorsque la préparation de l'offensive du 19 septembre fut terminée,
le 1
e r
bataillon, qui avait été jusque là en ligne, fut placé en réserve;
la compagnie syrienne occupa Rafat la veille de l'attaque, avec une
section de garde et le 2
e
bataillon, désigné pour l'attaque, prit ses
positions de combat.
Il n'entre pas dans le cadre de ce rapport de raconter la bataille
de l'Arara.
Il suffira de dire que les légionnaires arméniens firent leur devoir
avec un héroïsme qui força l'admiration de tous et qui fut spécialement
apprécié par le commandant en chef.
Après quelques jours de repos à Mejdel-Yaba, le détachement fran–
çais de Palestine, devenu détachement français de Palestine-Syrie
(
D. F. P. S.), continua par étapes sa marche vers le Nord.
Ce n'est que très éprouvé par les fatigues, les privations et une
épidémie de grippe espagnole devant laquelle le Service de santé se
trouva incomplètement dépourvu de moyens, qu'il arriva à Beyrouth
dix-huit jours après. Les privations étaient surtout très dures pour les
soldats arméniens qui ne touchaient
qu'une ration insuffisante,
la solde
globale à eux allouée étant très inférieure
à ta ration
normale.
Entre temps, Beyrouth avait été occupée par l'armée du chérif et le
colonel de Pipape, qui s'y était rendu en automobile, ne disposait
d'aucune troupe pour y faire respecter son autorité que les Arabes se
refusaient à accepter, considérant la ville comme faisant partie du
futur empire arabe. Des troupes britanniques appelées avaient rétabli
l'ordre, mais il n'y avait pas de troupes françaises et le D. F. P. S. ne
devait arriver que plusieurs jours après, d'ailleurs assez éprouvé par
la route.
Fonds A.R.A.M