brûlant de Chypre, il fallait extraire la pierre des collines avoisinantes,
la tailler, puis construire les bâtiments. Les soldats arméniens se tirè–
rent parfaitement de ce travail, malgré les moyens plus que rudimen-
taires mis à leur disposition, montrant ainsi que l'Arménien pouvait
être, non seulement un combattant dans le sens strict du terme, mais
un soldat complet
Au printemps de 1918, le 1
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bataillon avait près d'un an et demi
d'instruction, le 2
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bataillon près de huit mois, le 3
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bataillon se cons–
tituait à peine.
Il devait être difficile de garder inemployés les éléments déjà ins–
truits et qui commençaient à être las de s'entraîner ainsi à vide, alors
que les champs de bataille ne manquaient pas pour y faire mesurer
leur valeur.
Il fut donc décidé de joindre la Légion d'Orient au détachement
français de Palestine qui, ainsi renforcé, pourrait prétendre à une
part active dans les opérations de Palestine. Déjà, dès mars 1917, la
Légion d'Orient assurait par un détachement arménien la garnison de
l'île de Castelorize, à deux kilomètres environ de la côte turque, qui
servait de base française. Ce fut, jusqu'à l'armistice, une garnison
arménienne qui fut portée à une compagnie qui occupa Castelorize.
La Légion d'Orient coopéra également à l'occupation de l'île de
Rouad, sur la côte de Syrie.
Dans le courant d'avril-mai 1918, les deux premiers bataillons
furent, par petits paquets et au risque heureusement évité de rompre
leur cohésion, transportés en Egypte. Le 3
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bataillon et les compagnies
de dépôt restaient à Chypre sous le commandement du commandant
Chenost, unanimement estimé et aimé de ses hommes.
C'est à l'arrivée des bataillons en Egypte que se place l'incident
connu de Port-Saïd, provoqué par la non-application, depuis le début,
du règlement sur les permissions et de la circulaire ministérielle pré–
voyant des allocations aux familles des légionnaires. Les circonstances
extrêmement atténuantes relevées dans l'affaire firent que le Conseil
de guerre, appelé à statuer et présidé par M. le lieutenant-colonel
Reynier, commandant le régiment des tirailleurs algériens du D. F. P.,
ne prononça contre les coupables que des condamnations! légères et
que M. le colonel de Pipape, commandant le détachement français de
Palestine, fit bénéficier tous les condamnés de la suspension de peine
en vertu de l'article 150 du Code de justice militaire.
L'adjonction des deux premiers bataillons de la L. O. au détache–
ment français doubla l'effectif de ce dernier et le porta à environ
cinq mille hommes.
Le-détachement, concentré d'abord (juin-mi-juillet) au camp d'Ismaï-
lia, puis (mi-juillet-fin août) au camp de Mejdel, exécuta des manœu–
vres d'ensemble et fut inspecté par le général Allenby qui décida son
entrée en ligne.
Fonds A.R.A.M