Le noyau principal des premiers enrôlements fut constitué par les
Djebéliotes du camp des réfugiés de Port-Saïd, qui fournirent environ
six cents volontaires. A eux vinrent se joindre environ trois cents
engagés de la colonie arménienne d'Egypte, puis, en mars 1917, un
groupe homogène de 236 Arméniens prisonniers de guerre qui étaient
au camp de Sumerpur (Indes); ces prisonniers de guerre, qui avaient
appartenu à l'armée turque de Mésopotamie, constituèrent la 2
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com–
pagnie, et enfin quelques petits groupes de prisonniers du Sinaï.
Le tout constitua le 1
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bataillon.
Entre temps, l'Union Nationale Arménienne, d'accord avec le com–
mandement français, ayant décidé de donner le plus d'ampleur possible
au mouvement, avait envoyé aux Etats-Unis d'Amérique trois délégués
chargés d'y mener la propagande nécessaire. Les délégués trouvèrent,
dans la colonie arménienne d'Amérique, un milieu ardemment patriote
qui répondit aussitôt à leur appel, et plus de quatre mille volontaires
se présentèrent devant les comités de recrutement.
En été 1917, les premiers contingents d'engagés d'Amérique com–
mencèrent à arriver.
Malheureusement, les difficultés extrêmes des transportsriepermirent
pas d'utiliser toute la bonne volonté militaire des Arméniens d'Améri–
que et le gouvernement français, malgré les demandes réitérées de la
Délégation Nationale Arménienne, ne put y remédier. Au début de
1918
seulement, seize à dix-sept cents engagés avaient pu rejoindre
la Légion. L'entrée en guerre de l'Amérique arrêtait net le mouvement,
le gouvernement des Etats-Unis incorporant dans sa propre armée les
Arméniens d'Amérique.
La majorité des contingents d'Amérique forma le 2
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bataillon.
Le reste, joint à quelques centaines de prisonniers de guerre du
camp d'Héliopolis et de Méadi (Egypte), qui s'étaient rendus aux
Anglais lors de leur avance-de fin 1917 en Palestine, constitua le
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bataillon et deux compagnies de dépôt.
Tel était l'effectif de la Légion d'Orient au moment où, au printemps
de 1918, elle fut appelée sur le front de Palestine.
L'instruction militaire de la Légion lui permettait, en effet, d'affron–
ter, sur le champ de bataille, le voisinage et la comparaison avec n'im–
porte quelle troupe.
Au moment de sa création, une entente entre les autorités françaises
et anglaises avait abouti à décider que le camp de la Légion d'Orient
serait établi à Chypre.
C'est ce qui fut réalisé.
La Légion d'Orient campa dès novembre 1916 dans l'île de Chypre,
sur la côte Est, à 25 kilomètres au nord de Famagouste, assez loin de
toute habitation, à Monarga.
Ce furent les recrues arméniennes qui, tout en faisant leur instruc–
tion militaire, bâtirent leur camp. Le travail était rude; sous le soleil
Fonds A.R.A.M