ion, avant qu'elle ne fût cernée de tous côtés, si aucun renfort ne
devait leur être envoyé. Adana leur ayant donné l'assurance nécessaire,
nos braves ont attendu patiemment un secours qui ne leur est jamais
parvenu. Au bout de huit mois de combats héroïques, ils ont succombé
sous le nombre des assaillants et, faute de munitions, toute la popu–
lation, au nombre de quinze mille habitants, a été massacrée; seuls les
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combattants ont réussi à se frayer un chemin à travers les lignes
ennemies et sont parvenus à Adana pour remercier, pensons-nous, les
autorités françaises et arméniennes.
Le général Brémond, malgré sa position délicate entre son désir de
donner satisfaction aux Arméniens et les instructions reçues de ses
chefs, avait eu quand même le courage et l'humanité d'autoriser les
Arméniens à former un corps expéditionnaire pour voler au secours
de leurs frères de Hadjin. Ce corps était déjà formé et prêt à partir,
mais au
moment du
départ une discussion éclata entre les chefs des
trois partis arméniens. Le parti. « Tachnaktzoutun » désirait que l'ex–
pédition fût mise sous le commandement d'un chef « tachnakiste », la
sociale démocrate « Hentchakiste » ne pouvait pas, bien entendu,
admettre cette prétention, d'autant plus que c'étaient ses partisans qui
défendaient effectivement la ville de Hadjin. Quant au parti « Démo–
crate Libéral », cet honneur devait lui revenir sans aucune contestation,
puisque le représentant de la Délégation nationale arménienne en
Cilicie, M. Damadian, était un démocrate libéral, et la Délégation de
Paris, composée des démocrates libéraux. M. le général Brémond a
bien été forcé de dissoudre ce corps expéditionnaire et d'abandonner
Hadjin à son malheureux sort pour ne pas donner naissance à une
guerre civile entre Arméniens.
I l serait injuste de notre part de laisser dans l'ombre la personnalité
de M . Damadian, représentant officiel de la Délégation nationale
arménienne à Adana. Avant d'exposer les faits et gestes de M . Dama–
dian et, tout en ignorant le rôle qu'on lui avait assigné, nous allons
faire connaître notre manière de voir sur la mission qui devait lui être
attribuée. M. Damadian savait très bien que la Délégation n'était en
possession d'aucune convention écrite; par conséquent, son premier
devoir était de suppléer à cette lacune par une organisation systéma–
tique. Pendant dix mois, la Légion arménienne occupait presque à
elle seule la Cilicie. M. Damadian devait mettre à profit ce délai, rela–
tivement suffisant, pour organiser militairement toute la Cilicie. Sa
lâche étant d'autant plus facile qu'il avait dans la Légion arménienne
un auxiliaire très précieux; ensuite, l'entente franco-turque n'existant
pas à cette époque, le gouvernement français s'appuyait entièrement
ySur l'élément arménien. De plus, les montagnards de Zeïtoun, les
Arméniens de Hadjin, de Djebel-Moussa, de Deurth-Yol sont renom–
més pour leur bravoure légendaire;.pour cette organisation, i l ne man–
quait ni de cadres, ni de fusils, ni de munitions. Le retour du front du
Fonds A.R.A.M