DISCOURS DE M. ANATOLE FRANCE
Dans un discours d'une haute tenue littéraire, M. Anatole France
rappelle les massacres ordonnés, il y a vingt ans, par le sultan Abdul-
Hamid, massacres contre lesquels il n'y eut que quelques timides pro–
testations.
«
II convient donc, Mesdames et Messieurs, qu'une assemblée de
Français rende à ce peuple, dans sa grande et noble infortune, un
solennel hommage. Nous accomplissons ici ce devoir sacré. Nous ren–
dons à l'Arménie les honneurs dus moins encore à ses illustres infor–
tunes qu'à la constance avec laquelle elle les a supportées. Nous la
louons de cet invincible amour qui l'attache à notre civilisation. Car
l'Arménie est unie à nous par des liens de famille, et comme l'a dit un
patriote arménien, elle prolonge en Orient le génie latin. Plus de cinq
cent mille Arméniens sont morts pour notre cause, et notre nom sur
les lèvres. Ces chrétiens, disent les Turcs, organisaient une vaste insur–
rection et tendaient la main aux ennemis du Croissant. » Les assas–
sins ne sauraient légitimer leur crime par cette imputation. Mais i l est
vrai que les Arméniens appelaient de leurs vœux la victoire de la
France et de ses Alliés.
«
Après la victoire de nos armées qui combattent pour la Justice et
la Liberté, les Alliés auront de grands devoirs à remplir. Et le plus
sacré de ces derniers sera de rendre la vie aux peuples martyrs, à la
Belgique, à la Serbie; alors, ils assureront la sûreté et ïindépendance
de VArménie. Penchés sur elle, Us lui diront : « Ma sœur, lève-toi !
ne souffre plus, tu es désormais libre de vivre selon ton génie et ta
foi: »
A la suite de la publication de notre livre illustré en 1917 « Les
Volontaires Arméniens sous les Drapeaux Français », nous avons reçu
un grand nombre de lettres de félicitations ; nous nous faisons un
devoir d'en publier quelques-unes :
MINISTÈRE DE LA GUERRE
REPUBLIQUE FRANÇAISE
N° 48.485
Paris, le
4
août
1917.
Monsieur Turabian Aram
}
Délégué des Volontaires Arméniens,
8,
cours Belsunce, Marseille.
Monsieur,
J'accepte avec le plus grand plaisir l'exemplaire de votre intéressant
ouvrage que vous avez eu iaimable pensée de me réserver et qui
Fonds A.R.A.M