La capitale de la Petite-Arménie, la petite ville royale de Sis, était
située dans la haute vallée du même nom, et.bien souvent les princes
roubéniens s'y retirèrent, tandis que, dans la plaine, passait le flot
dévastateur de l'invasion mongole, arabe ou égyptienne accourue des
plateaux de la Haute-Asie ou des bords de l'Euphrate ou du Nil. Ce
fut dans un autre de ces châteaux royaux d'Arménie, dans celui de
Gaban, que se joua en l'an
1374
l'acte suprême du drame qui mit fin
à l'agonie de l'héroïque royaume chrétien. Derrière ses hautes murail–
les, le dernier roi d'Arménie; Léon V, se défendit contre les innombra–
bles soldats égyptiens et éthiopiens du sultan du Caire, Mélik Aschraf
Shaban. Forcé par la famine à se rendre à discrétion, 'il vit son
royaume anéanti par la plus effroyable des dévastations.
Lui-même,
longtemps chargé de fers sur le sol d'Egypte, au château du Caire,
obtint enfin sa liberté, grâce aux bons offices des souverains d'Aragon
et de Castille. Il partit pour l'Occident après huit années de captivité,
afin d'implorer, lui aussi, la compassion de l'Eglise et des rois de
l'Europe, qui le reçurent partout avec le respect que commandait sa
grande infortune. Alors commença pour lui une de. ces existences erran–
tes et étranges dont la vie du Moyen Age nous offre tant et de si
curieux exemples. Tour à tour plein d'espoir, caressant les plus chimé–
riques projets de restauration, puis plongé dans le découragement et
presque dans la gêne, vivant des subsides des princes d'Occident,
Léon V
résida successivement à Rome, à Madrid, à Londres et
Paris, où il finit par mourir, le
29
novembre
1393,
dans le palais des
Tournelles, rue Saint-Antoine, vis-à-vis de. l'hôtel Saint-Paul, résidence
ordinaire des rois de France. Il fut inhumé aux Célestins, où son corps
resta jusqu'à la Révolution. Ses cendres furent jetées au vent comme
elles de tant d'autres. Son tombeau, d'abord transporté au Musée des
monuments français des Petits Augustins, a été déposé, sous la Restau–
ration, dans les caveaux des sépulcres royaux de Saint-Denis, où il est
actuellement conservé. L'inscription en est ainsi conçue :
«
Cy gist très noble et excellent prince Léon de Lésingen (pour
Lusignan) quint Roy latin du Royaume d'Arménie, qui rendit l'âme à
Dieu à Paris, le vingtième jour de novembre, l'an de grâce mil troys
cent quatre-vingt et neuf. »
Les principaux organes de la presse russe, anglaise et française ont
stigmatisé les bourreaux du peuple arménien, toujours soutenus par
l'Allemagne et son kaiser.
Nous sortirions du cadre que nous nous sommes tracé si nous vou–
lions reproduire ici les beaux et multiples articles parus dans les
journaux alliés.
On nous permettra cependant de faire une exception et de donner
un entrefilet paru dans le
Temps
du 4 août 1915.
Fonds A.R.A.M