Les Arméniens ne sont pas, en effet, seulement des commerçants,
toujours prêts à subir le joug turc et les persécutions, incapables de se
révolter contre les bourreaux.
... _ .
Les 'Arméniens ont toujours été, au contraire, un peuple guerrier,
ils ont longtemps lutté contre les Mongols et contre les Turcs. Ils ont
vaillamment combattu seuls et avec les Croisés français pour la civi–
lisation et pour la chrétienté.
II nous suffira, pour convaincre les plus incrédules, de reproduire
ici le texte de l'article publié le 10 mars 1916, par le
Journal des
Débats,
sous la signature de Gustave Schlumberger, sous le titre :
«
Les Arméniens au Moyen Age ».
LES ARMENIENS AU MOYEN AGE
Les récents massacres d'Arméniens
par les Turcs ont
ramené
l'attention en Occident sur ce peuple autrefois puissant, aujourd'hui
infiniment malheureux qui, depuis des siècles, se débat sous la plus
cruelle
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des oppressions. La prise toute récente, assez inattendue,
d'Erzeroum et l'occupation par les Russes de plusieurs autresl edés
historiques arméniennes encore en grande majorité peuplées de cette
race, marquent peut-être la fin dg tant de douleurs, de tant d'atrocités.
Certes, les patriotes arméniens rêvent déjà, pour la centième fois, de
la restauration de l'antique royaume chrétien d'Arménie, mais assagis
par tant de calamités si affreuses, ils regarderaient déjà comme uni
immense bienfait la création d'une grande province arménienne auto–
nome, avec le protectorat moscovite, sous l'autorité duquel vivent déjà
leurs compatriotes de l'Arménie russe, arrachés depuis des années à
la tyrannie turque.
Il n'est pas de race plus mal connue en Occident. Pour presque tout
Français, même cultivé, la question est simple; les Arméniens sont des
Orientaux infortunés qui, à l'instar des Juifs, font du commerce dans
le Levant et que les Turcs massacrent périodiquement.
C'est là. tout.
A Paris, il.n'existe peut-être pas cinquante personnes en dehqrs de
la colonie arménienne qui connaissent nn^rtnuT~mot de' la glorieuse
histoire civile et militaire de cette race si intelligente, si richement
douée. On voit toujours l'Arménien courbé de siècle en siècle sous le
bâton du Turc et de son acolyte, le Kurde féroce: Personne ne se
doute qu'à deux reprises, pour le moins, et durant des siècles, la
nation arménienne tout entière, armée pour la défense de la religion
et de la patrie, a, sous ses rois nationaux, les Pagratides
d'abord,
plus tard les Roubéniens, lutté avec la plus admirable énergie, dans
des milliers de rencontres, contre les redoutables ennnemis de la chré–
tienté qui avaient noms : Perses, Mongols, Tartares, Sarrasins, Tut co–
rnons et Turcs. Sous les Roubéniens, surtout, à l'époque des croisades,
le royaume de Petite-Arménie
a prêté aux principautés
franques
Fonds A.R.A.M