4
° MM. Archak et Mihran Karagueusian, qui entretiennent à leurs
frais un grand orphelinat arménien dans la banlieue parisienne ;
5
° Notre sympathique compatriote Dikran Khan Kélékian, titulaire
de la Légion d'honneur, le grand antiquaire, place Vendôme, à Paris,
qui entretient un orphelinat en Syrie et participe généreusement à tou–
tes les souscriptions nationales ;
6
° M. Atanakiné Eknayan, fondateur des usines de taillerie
Eknayan, 20, rue Louis-Philippe, à Neuilly, qui a laissé de son vivant
un million de francs pour les œuvres de bienfaisance arméniennes. Le
fils aîné, M. Aram Eknayan, est mort au champ d'honneur pour la
France, pendant la guerre. MM. Vahé et Mihran Eknayan continuent
dignement la tradition de leur père ;
é
7
° M. Mihran Mouradian, dont là modestie n'a d'égale que son
amabilité : il encourage toutes les œuvres patriotiques. Ce qu'il donne
de la main droite, sa main gauche l'ignore souvent ; il est en train
de- construire une église en Abyssinie.
Nous avons maintes fois critiqué Pégoïsme des richards arméniens.
La plupart de ces favorisés de la fortune considèrent l'argent comme
un but, mais non pas comme un moyen ; c'est pourquoi, en faisant
l'historique de la famille Gulbenkian, nous avons voulu leur procurer
l'occasion de suivre l'exemple de cette grande famille et celui des
autres que nous venons de nommer. Nous admettons que chacun ici -
bas doit penser avant tout à sa famille, mais une fois l'avenir des
siens assuré dans une limite raisonnable, ce devoir doit s'étendre à
la collectivité ; c'est une obligation que personne n'a le droit d'ignorer.
En résumé, l'avarice proprement dite est une maladie néfaste pour
l'humanité, que Ton doit combattre par tous les moyens, et, en cas
de besoin, la livrer au bistouri de la chirurgie pour que le corps de
la collectivité soit plus sain et le bien-être mis à la portée de tous
les travailleurs, intellectuels ou manuels. A quoi bon donner au
peuple l'instruction et éveiller chez lui de plus en plus le sentiment
de bien-être si cette instruction doit être la cause de l'extension sans
limites de ses souffrances morales et corporelles ? A quoi bon ouvrir
devant ses yeux de nouveaux horizons de félicité s'il doit porter les
chaînes de l'esclavage avec plus de compréhension que ses ancêtres
qui, eux au moins, dans leur ignorance, acceptaient leur sort avec plus
de soumission et de résignation, donc ils souffraient moins que nous
si suivant la constitution du corps humain l'égalité entre les hommes
est une pure utopie d'après les lois mêmes de la nature ? Tâchons au
moins de combler cette lacune par des mesures en la possession de la
justice humaine et le peuple atteindra ce but avec plus de sûreté et
avefc plus de succès lorsqu'il saura faire une distinction entre les
grands favorisés de la nature, les bons et les mauvais. Les premiers
doivent être l'objet de son estime et de sa considération ; quant aux
seconds, de son mépris profond comme si on les jetait dans un panier
Fonds A.R.A.M