La Grande Famille Gulbenkian
et les Grandes Familles Arméniennes
Il me serait pénible de publier mon œuvre sans dire quelques mots
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de la noble famille Gulbenkian. Nous autres Arméniens, nous -n'avons
pas de titres nobiliaires, mais le mot « khanédan » qu'on attribue à
la grande famille Gulbenkian, équivaut à ce titre. Le rôle joué par
cette famille de philanthropes, dans la vie arménienne, de génération
en génération, est au-dessus de tout éloge. En réalité, la fortune de
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cette famille ne dépassait pas cinq millions de francs bien avant
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la guerre ; avec cette fortune, relativement minime en comparai–
son de leurs œuvres de bienfaisance, ils trouvaient le moyen de
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contenter tous leurs parents, d'un nombre respectable, sans exception,
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en les plaçant à la tête des entreprises commerciales un peu dans
toutes les villes de l'Asie-Mineure (Turquie) et dans d'autres pays.
J'avais eu le bonheur de connaître personnellement M. Sarkis Gul–
benkian et sa digne compagne, Mme Dirouhie Gulbenkian, à cause
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de notre proche parenté, ma mère étant la nièce de M. Gulbenkian.
Leur modestie n'avait d'égale que leur infinie bonté ; ils menaient une
vie de dévouement et d'a'bnégation; leur constant souci était l'éduca–
tion de leurs trois fils, MM. Calouste, Karnig et Vahan Gulbenkian et
le bien-être de tous leurs parents. M. Sarkis Gulbenkian était d'une
simplicité exemplaire. Malgré sa fortune, il avait l'horreur de la mor–
gue et de l'apparat ; en dépit de la chaleur d'été de Constantinople et
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de la rigueur de son hiver, par n'importé quel temps on le voyait che–
miner tranquillement à pied vers ses bureaux. Chaque midi, il faisait
un repas tout à fait démocratique dans son bureau, et qui était sou–
vent composé d'un bout de fromage, d'un morceau de pain et d'une
grappe de raisin. Ce n'est pas l'avarice qui le poussait à cette exis–
tence d'une simplicité légendaire, puisqu'il ne refusait rien à son en–
tourage, c'est lui seul qui se privait de tout. On aurait dit un envoyé
du ciel qui se consacrait entièrement à sa mission de bienfaiteur én se
sacrifiant complètement à l'œuvre qu'il avait entreprise. La disparition
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de cette noble figure et de sa sainte compagne a été pour le peuple
arménien un deuil dont la mémoire est conservée au cœur de tous
avec reconnaissance et bénédictions.
L'un de leurs fils, M. Karnig Gulbenkian, habite actuellement à
Neuilly-sur-Seine ; un autre, M. Vahan Gulbenkian, est en Algérie.
La fortune n'ayant pas été prodigue pour eux, ils se consacrent à
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leurs occupations personnelles ayant le souci de l'éducation et de
Fonds A.R.A.M