de toutes les diplomaties trahissent une cause à laquelle cependant As
avaient juré fidélité sur des millions de tombes de jeunes hommes.
«
Car un serment vous avait été fait. Quand, sur l'invitation même
du gouvernement français, les 5.000 volontaires arméniens consti–
tuèrent la Légion arménienne de Ciîicie, un contrat moral était passé
entre ceux-ci et ceux-là. Aujourd'hui les volontaires arméniens sont
couchés dans la tombe et la diplomatie, sœur de la finance, ne se sou–
vient d'eux que pour oublier ceux qui sont morts parce qu'ils s'étaient
souvenus de la parole donnée. »
Et l'orateur, en traits larges et précis, montre la collusion des forces
financières et des bourreaux turcs. //
dépeint avec une puissance sai–
sissante la complicité de tous ceux qui brandissent devant le monde,
les uns des traités déchirés, les autres des sacs d'or bien remplis.
Puis
il continue dans une magnifique péroraison :
«
Ne désespérez pas, amis arméniens. Rappelez-vous le poème
admirable de Victor Hugo sur Jéricho. Ils étaient une petite cohorte
d'Hébreux qui faisaient le tour des remparts de la cité. Ils voulaient
l'écroulement de la citadelle. Au premier tour qu'ils firent, les vieillards
s'assemblèrent et décrétèrent : Que ces Hébreux sont fous. Au second
tour, au troisième, au quatrième, au cinquième, toutes les femmes lan–
cèrent des pierres aux Hébreux. Au sixième tour, tous les petits enfants
venaient cracher sur l'arche.
«
A la septième fois, les murailles tombèrent.
«
Arméniens, depuis des siècles, vous avez connu toutes les humi–
liations, subi toutes les tyrannies, essuyé tous les crachats.
«
Debout dans une nouvelle, et cette fois définitive espérance.
«
Voici les peuples.
«
A la septième fois, les murailles crouleront.
«
Mesdames, Messieurs, 1914-1918, quinze cent mille morts pour
le Droit, la Justice, la résurrection des petits peuples opprimés.
« 1921,
la diplomatie.
«
Tant de morts seraient-ils morts en vain ? »
La dernière phrase a retenti comme un appel de cloche et un ton–
nerre d'applaudissements de la salle frémissante et émue jusqu'au
fond de l'âme répond à la vibrante péroraison de notre grand ami,
Emile Pignot. Des bras se lèvent, des mains se tendent vers lui et
l'assistance debout acclame l'ordre du jour suivant que, dans l'émotion
unanime, lit M. le bâtonnier Nicolas Estier :
«
Les Français et Arméniens de Marseille, présents, lundi soir, à
la conférence présidée par M. Estier, ancien président du Conseil
général des Bouches-du-Rhône, après avoir entendu MM. Estier, Mir-
zayantz, représentant de la République Arménienne ; Turabian Aram,
directeur du journal franco-arménien
L'Aiguillon,
et Emile Pignot,
dans son discours, « Au chevet de l'Arménie », proclament que toutes
garanties prises pour la sécurité des Arméniens en Arménie sous le
Fonds A.R.A.M