et d'éloges. Permettez-moi ma brusquerie, nous en avons par-dessur
la tête, pour ne pas nous donner la triste impression qu'on jette des
fleurs, beaucoup trop de fleurs, pour mieux enterrer la cause armé–
nienne. A mes précisions, apportez des précisions et à mes preuves,,
ajoutez d'autres preuves.
«
Le peuple arménien à l'âme simple et à l'esprit naïf ne comprend
pas du tout ce revirement subit en faveur de nos assassins, les ennemis
de la France et de l'humanité tout entière, ces sinistres bandits, les
Turcs. Eclairez-nous, ami, délivrez-nous d'un cauchemar qui nous
étouffe. Avons-nous le droit, oui ou non, de réclamer le respect de la
parole donnée ? »
Une salve d'applaudissements crépite; après quelques minutes, le
président donne la parole à M. Emile Pignot. Lentement, notre ami se
lève et à la première parole on sent que c'est l'éloquence même qui va
parler. La voix est chaude et grave, le geste sobre, l'attitude ardente;
c'est un convaincu qui est là, et qui sait que des vérités nécessaires
doivent être dites. I l va les dire et comme un beau lutteur, il va faire
triompher la vérité. On ne peut pas transcrire fidèlement un discours
d'Emile Pignot, surtout celui-là. Nous voulons tout de même mettre
sous les yeux de nos lecteurs et de nos charmantes lectrices quelques
notes que nous avons prises au vol de sa pensée qui est allée jusqu'aux
sommets
les plus hauts.
CONFERENCE DE M. EMILE PIGNOT
«
Mesdames, Messieurs,
«
En un clair matin du mois d'août, le soleil animait la tranquillité
des campagnes paisibles. Le repos était sur tous les seuils et la paix
dans toutes les âmes. Tout à coup une immense rumeur déchira la
montagne et la plaine et tous, angoissés, sortirent de leurs demeures.
Quoi ? La foudre venait d'éclater et sous le grand soleil des cieux le
clairon appela les hommes à se ruer les uns contre les autres. La
mobilisation. La guerre.
«
Tout à l'heure, Monsieur le représentant de la Délégation de la
République arménienne, vous me disiez avec une brutalité tout occi–
dentale : « Au chevet de l'Arménie ; l'Arménie pourrait-elle mourir ? »
Je vous répondrai avec une brutalité tout orientale : « Vous avez r a i –
son; certes, tous ont compris le titre que j ' a i choisi pour ma Confé–
rence, mais à la vérité ne dois-je pas plutôt dire : Au chevet de la
morale humaine ? »
«
Août 1914, la guerre dont on a dit qu'elle devait être la guerre
du Droit, de la Justice et de la résurrection des petits peuples oppri–
més !
Fonds A.R.A.M