A P P E L AUX A RMÉ N I E N S
L'Alsace et la Lorraine sont les victimes de la brutalité allemande;
de même, l'Arménie est la victime de la brutalité turque. Notre admi–
ration et notre profonde sympathie sont acquises à la France, l'éter–
nelle protectrice de tous les peuples opprimés.
L'Arménie n'oubliera jamais tes efforts de la diplomatie française
dans les circonstances les plus délicates pour arracher nos compa–
triotes aux yatagans des assassins professionnels, les chers protégés de
Guillaume II.
L'heure du châtiment a sonné pour les grands criminels; la justice,
sous la protection du drapeau tricolore, est en marche, le Coq Gaulois
chante fièrement, le clairon français sonne la délivrance des peuples
opprimés. Guillaume II frémit sur son trône, lui qui était venu cynique–
ment, le lendemain des hécatombes arméniennes, pour serrer la main
et pour se solidariser avec -le plus grand assassin du monde, le Sultan
Rouge, dans regorgement d'un peuple entier sans défense.
Bismarck, plus cynique que son maître, pour lequel les cadavres des
300.000
Arméniens ne valaient pas les os d'un soldat poméranien,
voyant la fin de l'hégémonie allemande, fait des grimaces dans sa
tombe maudite.
Les Arméniens russes, dans les rangs de l'armée moscovite, feront
leur devoir pour venger l'insulte faite sur les cadavres de nos frères;
quant à nous, Arméniens sous la domination de la Turquie, aucun fusil
d'Arménien ne doit partir de nos rangs contre les anus et les alliés de
la France, notre seconde patrie.
La Turquie mobilise, elle nous appelle sous les drapeaux sans nous
dire contre qui.
Contre la Russie ? Allons donc, ce n'est pas nous qui irons tirer
contre nos propres frères du Caucase, contre les Etats balkaniques
pour lesquels nous n'éprouvons que de la sympathie. Jamais! Mes–
sieurs les Turcs, vous vous êtes trompés d'adresse; n'oublions pas le
passé, sans être sûrs encore de l'avenir.
Arméniens, la Turquie vous appelle sous les drapeaux sans vous
dire contre qui; engagez-vous comme volontaires dans les rangs de
l'armée française et de ses alliées, pour aider' à écraser l'armée de
Guillaume II, dont les rails de chemin de fer reposent sur les cadavres
Fonds A.R.A.M